Est-ce que le « big slick » est vraiment si puissant ?
Quand vous regardez le poker à la télévision, vous entendez souvent les commentateurs se référer à A-K comme étant un monstre. Cette main est souvent groupée avec des mains comme AA, KK, et QQ. C'est une erreur.
Évidemment, c’est bien beau de regarder vos cartes et d’y trouver A-K, mais la plupart du temps, si vous finissez par y jouer un gros pot avec cette main, vous serez statistiquement en arrière. La situation la plus susceptible de se produire est ce qui s'appellerait une situation de « pile ou face », où les résultats sont à peu près de 50-50.
Par exemple :
2d 2s 53.05%
Ah Kc 46.95%
Oui c'est exact. Même une modeste paire de deux est favorite contre le « puissant big slick ». Le « big slick » est encore plus en arrière vis-à-vis une main de première qualité contre laquelle il sera souvent confronté. Voici ce que vaut A-K confonté aux cinq paires principales :
(les pourcentages sont approximatifs, basés sur 2,5 millions de mains jouées)
10-10 57.25%
Ah Kc 42.75%
J-J 57.23%
Ah Kc 42.77%
Q-Q 57.16%
Ah Kc 42.84%
K-K 70.03%
Ah Kc 29.97%
A-A 92.57%
Ah Kc 7.43%
Donc, comme vous pouvez le voir, quand votre « big slick » fait face à des paires de première qualité, c'est à peine une situation de pile ou face, particulièrement contre les deux paires supérieures (A-A et K-K).
Évidemment, votre adversaire n'aura pas toujours une paire et quand il n’en aura pas, A-K commencera à ressembler à un monstre, particulièrement si votre adversaire a un as ou un roi dans sa main. Si votre adversaire tenait K-Q ou A-Q par exemple, vous seriez « dominant » parce qu'il n’y aurait seulement qu’une carte pour vous sortir de la main . Dans ce cas-ci, votre « big slick » serait substantiellement favori :
Ah Kc 73.98%
As Qd 26.02%
Ah Kc 74.20%
Kd Qs 25.80%
Maintenant, voici la situation idéale avec une main comme le « big slick » si vous vous retrouvez dans un gros pot. Il y a un autre groupe de mains contre lequel votre A-K peut faire face et il serait intéressant de le regarder : deux « live cards » qui sont assorties :
Ah Kc 58.07%
7d 8d 41.93%
Cela devrait vous donner une base en statistiques sur cette énigme qu’est le « big slick ». Dans certains cas, il est tout à fait puissant, alors que dans d'autres cas, il est extrêmement vulnérable. Ainsi en sachant ceci, la clef pour jouer A-K avant que le flop est d’essayer d'éviter de participer à des gros pots quand votre tapis entier est sur la ligne. Trop souvent, quand votre adversaire est disposé à pousser son tapis contre vous, il aura A-A ou K-K et vous serez en retard pour gagner la main.
Si vous vous trouvez dans un tournoi de hold'em sans limite et que vous recevez le « big slick », vous vous devez d’être agressif avec lui et d’attaquer les blinds. Cependant, si vous recevez de la résistance de vos adversaires, vous devriez sérieusement considérer de coucher votre main et d’attendre une meilleure situation.
Quelques points à considérer:
Combien de jetons avez-vous ? Si vous êtes « short stack » et que vous vous devez de gagner un gros pot pour revenir dans le jeu, alors vous devriez être très agressif avec votre « big slick » et probablement pousser votre tapis ! Cependant, si vous avez une bonne pile de jetons et qu'un joueur à la table vous relance… bon alors vous n’avez probablement pas à vous impliquer dans cette situation marginale.
Comment vos adversaires jouent-ils ? C'est une considération très importante lorsque vous considérez le choix de jouer votre « big slick ». Si la « roche du Gibraltor », un joueur qui est extrêmement conservateur vous relance, vous pouvez être assez sûr qu'il a une paire. Une paire qui ne peut juste être que A-A ou KK. D’un autre coté, si votre adversaire est très agressif et insouciant, votre « big slick » sera en grande forme contre une main comme A-J ou même K-10.
La chose importante à comprendre au sujet du « big slick » est que c'est une main à améliorer. Maintenant, s'elle est assortie, elle est la main à améliorer la plus puissante que vous pouvez recevoir au Texas Hold'em. Mais il faut se rappeler que c'est une main à améliorer. Elle n’est habituellement bonne que si vous toucher votre as ou roi, ou quand elle est assez chanceuce pour faire une suite ou une couleur.
Article de stratégie sur le poker écrit par Daniel Negreanu et publié dans le magazine Card Player
Traduction : Jean-François Mercure
Est-ce que le « big slick » est vraiment si puissant ?
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Autre article sur AK
Le lien : http://www.livepoker-mag.com/article-Le ... s-roi.html
Le mythique As-Roi
Grosse main, certes, mais trop souvent propice à l’emballement, AR est une main complexe à jouer. Favorable pour relancer ou suivre des relances quand on est en bonne position pour les assumer, elle ne vaut cependant pas de risquer tous ses jetons, à moins d’y être contraint par un très petit tapis.
AR est une grosse main, aucun doute là-dessus. Elle fait même partie du Top Ten de n’importe quel classement, et même du Top 5 de certains théoriciens. Mais ce n’est pas une main si forte que certains veulent bien le penser, et en tout cas, elle ne vaut sûrement pas une grosse paire ! Or, trop de joueurs ont encore tendance à considérer la main AR comme une paire d’As et en conséquence la jouent comme telle ; c’est-à-dire en n’hésitant pas à miser all-in pré-flop ou à assumer une sur-relance hors de position. La plupart du temps, ce sera une erreur. Mais d’autres fois, cette sorte de semi-bluff fonctionnera plutôt bien.
AR est une main qui a ceci de paradoxal : elle est en fait surévaluée par certains, et dénigrée par d’autres. Ainsi, les Anglo-Saxons, qui appellent cette main AK (K pour King, Roi), ont cette plaisanterie : « AK, c’est Anna Kournikova. C’est beau, mais ça ne gagne jamais ! » Dur pour la jolie russe qui, même si elle n’a effectivement jamais gagné un seul tournoi de tennis sur le circuit professionnel, reste tout de même une championne…
Alors, pourquoi AR est-elle si célèbre, et pourquoi cette main compte-t-elle autant de fans (à juste titre) que de détracteurs ? Parce qu’il s’agit certes d’une main de départ très forte, mais aussi d’une main piège, avec laquelle il est facile et même plutôt tentant de se laisser embarquer. On touche son As ou son Roi au flop, et on n’hésite pas à suivre (quand ce n’est pas à sur-relancer) cet adversaire qui n’a plus qu’à dérouler l’hameçon avec son brelan de Quatre parfaitement invisible… En d’autres termes, si vous avez tendance à sur-jouer un peu trop souvent cette belle mais vulnérable main qu’est AR, vous vous retrouverez trop souvent perdant avec. Car AR est une main de laquelle il est facile de « tomber amoureux ». On a vite fait de se retrouver englué dans un coup, à avoir investi plus que de raison, car c’est une main difficile à lâcher, en particulier quand on touche son jeu et ce, même si l’on se sait battu !
Sans pour autant la dépouiller de toutes ses qualités, nombreuses au demeurant, nous allons rétablir quelques vérités sur AR, et voir dans quelles situations cette main est « jouable », « relançable » ou « couchable » sans trop de regrets.
Une main de tirage
C’est sans doute une lapalissade, mais AR n’est pas une main faite ! Ce n’est pas une pocket pair, contre n’importe laquelle AR part d’ailleurs légèrement dominé. C’est donc une main de tirage, ce qui signifie tout simplement qu’il va falloir améliorer pour gagner, en particulier si plusieurs joueurs sont dans le coup. La probabilité ? Environ 30% de faire au moins une paire, si l’on considère qu’aucun autre As et aucun autre Roi ne sont dans des mains adverses. Moins d’une fois sur trois dans le meilleur des cas, ce n’est pas si énorme. Mais n’oubliez pas que toutes les fois où vous toucherez, vous aurez toujours la top pair avec le meilleur kicker, que vous touchiez l’As ou le Roi ! Or, dans près de 80% des cas, ce sera le meilleur jeu…
Cela revient toutefois à dire qu’AR se joue ou se jette au flop : ou vous avez amélioré, et tant mieux, ou pas, auquel cas il vous faudra logiquement jeter vos cartes – même s’il arrive quelquefois que la simple hauteur suffise pour gagner ! A moins de « bluffer » le coup et de miser au flop une somme que vous devinez difficile à assumer pour votre adversaire. Mais par définition, pas besoin d’avoir AR pour bluffer, me direz-vous. Certes. Mais au moins, avec AR, vous avez une défense, juste au cas où. Car après tout, face à une paire cachée ou à une paire inférieure floppée, vous pouvez toujours rencontrer votre paire sur le turn ou la river, et celle-ci peut suffir à gagner le coup.
Parfaite pour « envoyer »
C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à le faire ! N’ayez pas peur de relancer fortement pré-flop avec AR. Car AR est l’une des rares mains à pouvoir supporter à peu près tous les duels, sauf contre notre fameuse paire d’As, évidemment, et à la rigueur contre la paire de Rois (70/30). Autrement dit, si AR part légèrement battu face à une pocket pair (environ 55/45), cette main est en revanche la grande favorite de n’importe quelle confrontation (A-X, RD assrtis etc.). De plus, la plupart du temps (du moins est-ce particulièrement vrai en tournoi), vous ne trouverez personne pour assumer votre relance si elle est effectuée dans une bonne position. Et vous aurez fait passer des petites paires comme des mains de tirage dangereuses comme des middle connectors (type 8t-9t ou 10Vc), contre lesquels vous n’avez pas forcément envie de gambler, tout en récoltant les blindes et même éventuellement le montant des petites relances effectuées avant vous. Car si AR est une main idéale pour relancer, il paraît logique de penser que c’est aussi une main idéale pour suivre une relance, n’est-ce pas ? La réponse est… oui et non.
Parfaite pour suivre une relance en bonne position
A moins qu’elle ne soit parfaitement excessive, AR est une bonne main pour suivre des relances, à condition que vous ayez l’avantage de la position sur le relanceur, c’est-à-dire que votre tour de parole arrive après le sien. Car si votre adversaire n’a pas AA ou RR, deux mains face auxquelles vous faites pâle figure, alors il peut avoir effectué une relance avec deux gros connecteurs assortis (RpDp) ou une moyenne paire. Si vous floppé un As ou Roi, vous serez a priori favori (même si des rencontres AR vs RR, ou AR vs AA avec un As ou un Roi au flop arrivent malheureusement quelquefois), et pourrez coincer votre adversaire s’il tente de bluffer avec un continuation bet. De même, si le flop n’affiche que des cartes anodines et toutes de couleurs différentes (rainbow), du type 3t 7k 10p, vous pouvez miser en semi-bluff s’il checke. Et même s’il a par exemple une paire moyenne de Huit ou de Neuf, il peut être effrayé par le Dix et checker. Dans ce cas, une mise substantielle (mais pas excessive car elle sentirait trop le bluff) devrait normalement le faire passer. Et s’il mise quand même sur un flop de cette texture, vous pouvez aussi tenter la sur-relance. Il ne peut alors que vous imaginer avec au minimum le Dix, un petit brelan, voire une paire supérieure à la sienne (les Valets ou les Dames). S’il suit quand même ? Vous n’avez peut-être pas encore tout à fait perdu ! Car vous avez encore quelques outs pour améliorer votre main sur le turn ou la river en touchant un As ou un Roi. Et si vous en avez le courage (ou les jetons), vous pouvez aussi tenter le tout pour le tout en bluffant encore à la quatrième. S’il suit encore, c’est qu’il a décidément un monstre (type brelan, RR ou AA) qu’il slowplay depuis le début du coup, vous laissant vous enferrer tout seul en vous offrant l’initiative de la mise… Si c’est le cas, il ne devrait normalement plus vous laisser de carte gratuite et vous relancer all in au turn. Vous n’aurez alors d’autre choix que de fuir !
A l’inverse, vous voyez que si vous êtes en premier de parole, il vous sera plus malaisé de faire un continuation bet au flop. Si vous êtes suivi, vous êtes coincé car vous ne saurez pas où situer votre adversaire et vous serez quasiment contraint de checker au turn si vous n’avez toujours rien trouvé, affichant clairement votre faiblesse. Si vous êtes relancé, la sur-enchère sera difficile à assumer dans le sens où vous payez en « pariant » que vous allez « toucher ». Or, ce n’est pas en pariant sur quelques outs que l’on gagne au poker…
Pas de taille face à de multiples surenchères
Imaginons que vous ouvriez les débats en relançant avec AR. Derrière vous, un joueur sur-relance, et une autre sur-relance encore. Que pensez-vous donc qu’ils aient ? Pour sûr, l’un des deux au moins a une grosse pocket pair, dans le pire des cas AA ou RR, et dans le meilleur DD, VV. Et même dans cette seconde hypothèse, vous êtes perdant à 2 contre 1. Bien sûr, il est possible que le dernier de parole ait profité de sa position pour sur-relancer avec AR ou même AD. Mais alors vous faites face à une grosse paire, et AR ou AD, ce qui minimise considérablement vos outs et augmente encore celles de la paire. Face à une guerre des enchères, il faut garder à l’esprit qu’il y a de grosses paires et des As de sortie. La seule façon pour vous de vous en tirer est d’espérer un board 10-V-D sans doublette. Etes-vous sûr de tout vouloir miser dessus ? Non, bien évidemment. Alors passez tranquillement et sans regrets en attendant un meilleur moment. Ce n’est pas afficher de la faiblesse mais au contraire une grande force car trop peu de joueurs arrivent à jeter AR, en particulier dans ces moments où tout s’emballe et où il y a tellement d’argent dans le pot. Les champions ne mettent pas en jeu leur stack et leur tournoi avec AR, car le coup se joue alors – au mieux – à pile ou face. A moins d’y être contraint…
Parfaite pour miser all in en short stack
… par la taille de votre tapis. En effet, si vous n’avez plus que l’équivalent de 10 surblindes ou moins, il vous faut impérativement tenter de doubler pour retrouver un tapis qui vous permette d’espérer aller plus loin dans le tournoi. Misez donc tout votre tapis avant le flop. Pourquoi avant le flop ? Car si vous vous contentez de relancer, que vous êtes suivi mais ne trouvez rien au flop, vous pourriez être tenté d’abandonner le coup. Et vous vous retrouverez encore plus affaibli et en plus mauvaise posture. Alors qu’un all in pré-flop vous garantit de voir tout le board si vous êtes suivi. Or, sur les cinq cartes, vous avez 60% de faire une paire. De plus, si vous êtes vraiment short stack, des adversaires avec des mains moyennes comme 9-10 mais avec un gros tapis pourraient être tentés de vous payer.
Et si vous n’êtes pas suivi, ma foi vous ramasserez les blindes et antes, et on continue le parcours…
Parfaite pour payer un tapis avec un gros stack
En revanche, si vous êtes parmi les chipleaders de la table ou mieux, du tournoi, vous pouvez parfaitement assumer des relances avec AR et surtout payer de petits all in de joueurs désespérés qui auraient fini par trouver une main décente. Car ou vous partez avec un léger handicap (face à une paire autre que les As ou les Rois), ou vous êtes franchement favori (face à toute autre main type AD, RD etc.).
Si vous gagnez le coup, vous renforcez encore votre avance et en plus vous sortez un joueur du tournoi. Et si vous le perdez, cela ne vous sera pas trop préjudiciable puisqu’il n’aura que peu entamé votre tapis. Le risque du coin flip est ici parfaitement acceptable en raison de votre important tapis : de bonnes de chances de gagner, et très peu à perdre.
C’est pourquoi quand vous vous retrouvez avec AR à des stades avancés d’un tournoi, que les blindes et antes sont si élevées que chaque pot vaut la peine d’être remporté, prenez bien le temps d’analyser la taille des tapis adverses, et voyez si les joueurs dont le tour de parole n’est pas encore arrivé ont eux aussi un tapis conséquent. Si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à envoyer la sauce. Un joueur excédé et au tapis très entamé pourrait alors vous faire le plaisir de vous suivre avec une poubelle !
Piège avec un tapis moyen
Examinons à présent la situation plus intermédiaire, celle où vous avez un tapis moyen. C’est là qu’AR se révèle la plus dure à jouer.
En misant fort, vous pouvez susciter deux types de réaction chez vos adversaires : la crainte qui les incitera tous à passer. Gagner sans combattre, ça devrait vous aller, non ? Mais cela pourrait aussi être interprété comme de la faiblesse, comme une petite paire que l’on ne saurait trop comment jouer si ce n’est en voulant gagner par K.O. Cette lecture pourrait susciter l’intérêt de certains, en particulier celle de joueurs agressifs et créatifs qui verrait là une bonne occasion de vous attraper (bien sûr, tout dépend des joueurs que vous avez à votre table et surtout de l’image que vous avez renvoyée jusque-là). Si vous manquez votre flop, vous n’avez que trois options : continuer à miser en bluff, checker et caller s’il mise en espérant que votre adversaire bluffe et qu’il va mollir au turn (ne pas espérer cela d’un joueur averti et rusé !) ou checker et passer et passer. Aucune de ces alternatives n’est particulièrement attrayante, et perdre des jetons alors qu’on est en possession d’un tapis moyen rend votre stack encore plus vulnérable. Car il n’est pas assez gros pour effrayer votre adversaire et voler le coup grâce à une grosse enchère, et pas assez petit non plus pour miser all in.
Donc, un conseil quand vous avez AR et un tapis moyen : ne jouez pas votre main trop agressivement, de sorte que vous puissiez vous en tirer à peu de frais si vous manquez votre flop. Et surtout, veillez à ne pas être hors position avec cette main. Car si vous avez l’avantage de la position sur votre adversaire, vous pourrez toujours essayer de voler le coup.
En définitive, même si AR est une très belle main, elle ne vaut pas de mettre en péril son tapis et plus encore son tournoi. En particulier dans les premiers niveaux, où le risque est grand de se faire sortir, en regard d’un gain potentiel faible et volatil. Pareil en cash game, où le risque du coin flop ne mérite pas d’être pris. Mieux vaut attendre une main plus sûre ou au minimum de voir le flop. En revanche, elle peut être jouée de façon très agressive en toute fin de tournoi ou si vous êtes short satck.
A retenir
Vous ouvrez vos cartes, et là, bonne surprise, vous découvrez AR. Que faire ? S’il n’y a pas de modèle de jeu gravé dans le marbre, voici en revanche quelques règles simples mais essentielles à graver dans votre esprit pour tirer le meilleur de cette main.
1. Ne vous emballez pas et ne vous laissez pas piéger, AR n’est qu’une main de tirage
2. Relancez fortement pour éliminer un maximum d’adversaires
3. Ne suivez des relances que si vous avez la position sur le relanceur
4. Ne pensez pas être favori si vous avez affaire à de multiples surenchères : il est alors plus sage de jeter votre main
5. AR est la main parfaite pour miser all in quand on est short stack
6. Si vous avez un gros tapis, vous pouvez suivre les relances des petits tapis à moindre prix et avec d’honnêtes chances de gain
7. Avec un tapis moyen, AR est une main piège qu’il ne faut pas sur-jouer au risque de tout perdre
8. A moins de n’avoir plus que très peu de jetons, AR n’est pas une main de all in, surtout en début de tournoi et en cash game
Le lien : http://www.livepoker-mag.com/article-Le ... s-roi.html
Le mythique As-Roi
Grosse main, certes, mais trop souvent propice à l’emballement, AR est une main complexe à jouer. Favorable pour relancer ou suivre des relances quand on est en bonne position pour les assumer, elle ne vaut cependant pas de risquer tous ses jetons, à moins d’y être contraint par un très petit tapis.
AR est une grosse main, aucun doute là-dessus. Elle fait même partie du Top Ten de n’importe quel classement, et même du Top 5 de certains théoriciens. Mais ce n’est pas une main si forte que certains veulent bien le penser, et en tout cas, elle ne vaut sûrement pas une grosse paire ! Or, trop de joueurs ont encore tendance à considérer la main AR comme une paire d’As et en conséquence la jouent comme telle ; c’est-à-dire en n’hésitant pas à miser all-in pré-flop ou à assumer une sur-relance hors de position. La plupart du temps, ce sera une erreur. Mais d’autres fois, cette sorte de semi-bluff fonctionnera plutôt bien.
AR est une main qui a ceci de paradoxal : elle est en fait surévaluée par certains, et dénigrée par d’autres. Ainsi, les Anglo-Saxons, qui appellent cette main AK (K pour King, Roi), ont cette plaisanterie : « AK, c’est Anna Kournikova. C’est beau, mais ça ne gagne jamais ! » Dur pour la jolie russe qui, même si elle n’a effectivement jamais gagné un seul tournoi de tennis sur le circuit professionnel, reste tout de même une championne…
Alors, pourquoi AR est-elle si célèbre, et pourquoi cette main compte-t-elle autant de fans (à juste titre) que de détracteurs ? Parce qu’il s’agit certes d’une main de départ très forte, mais aussi d’une main piège, avec laquelle il est facile et même plutôt tentant de se laisser embarquer. On touche son As ou son Roi au flop, et on n’hésite pas à suivre (quand ce n’est pas à sur-relancer) cet adversaire qui n’a plus qu’à dérouler l’hameçon avec son brelan de Quatre parfaitement invisible… En d’autres termes, si vous avez tendance à sur-jouer un peu trop souvent cette belle mais vulnérable main qu’est AR, vous vous retrouverez trop souvent perdant avec. Car AR est une main de laquelle il est facile de « tomber amoureux ». On a vite fait de se retrouver englué dans un coup, à avoir investi plus que de raison, car c’est une main difficile à lâcher, en particulier quand on touche son jeu et ce, même si l’on se sait battu !
Sans pour autant la dépouiller de toutes ses qualités, nombreuses au demeurant, nous allons rétablir quelques vérités sur AR, et voir dans quelles situations cette main est « jouable », « relançable » ou « couchable » sans trop de regrets.
Une main de tirage
C’est sans doute une lapalissade, mais AR n’est pas une main faite ! Ce n’est pas une pocket pair, contre n’importe laquelle AR part d’ailleurs légèrement dominé. C’est donc une main de tirage, ce qui signifie tout simplement qu’il va falloir améliorer pour gagner, en particulier si plusieurs joueurs sont dans le coup. La probabilité ? Environ 30% de faire au moins une paire, si l’on considère qu’aucun autre As et aucun autre Roi ne sont dans des mains adverses. Moins d’une fois sur trois dans le meilleur des cas, ce n’est pas si énorme. Mais n’oubliez pas que toutes les fois où vous toucherez, vous aurez toujours la top pair avec le meilleur kicker, que vous touchiez l’As ou le Roi ! Or, dans près de 80% des cas, ce sera le meilleur jeu…
Cela revient toutefois à dire qu’AR se joue ou se jette au flop : ou vous avez amélioré, et tant mieux, ou pas, auquel cas il vous faudra logiquement jeter vos cartes – même s’il arrive quelquefois que la simple hauteur suffise pour gagner ! A moins de « bluffer » le coup et de miser au flop une somme que vous devinez difficile à assumer pour votre adversaire. Mais par définition, pas besoin d’avoir AR pour bluffer, me direz-vous. Certes. Mais au moins, avec AR, vous avez une défense, juste au cas où. Car après tout, face à une paire cachée ou à une paire inférieure floppée, vous pouvez toujours rencontrer votre paire sur le turn ou la river, et celle-ci peut suffir à gagner le coup.
Parfaite pour « envoyer »
C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à le faire ! N’ayez pas peur de relancer fortement pré-flop avec AR. Car AR est l’une des rares mains à pouvoir supporter à peu près tous les duels, sauf contre notre fameuse paire d’As, évidemment, et à la rigueur contre la paire de Rois (70/30). Autrement dit, si AR part légèrement battu face à une pocket pair (environ 55/45), cette main est en revanche la grande favorite de n’importe quelle confrontation (A-X, RD assrtis etc.). De plus, la plupart du temps (du moins est-ce particulièrement vrai en tournoi), vous ne trouverez personne pour assumer votre relance si elle est effectuée dans une bonne position. Et vous aurez fait passer des petites paires comme des mains de tirage dangereuses comme des middle connectors (type 8t-9t ou 10Vc), contre lesquels vous n’avez pas forcément envie de gambler, tout en récoltant les blindes et même éventuellement le montant des petites relances effectuées avant vous. Car si AR est une main idéale pour relancer, il paraît logique de penser que c’est aussi une main idéale pour suivre une relance, n’est-ce pas ? La réponse est… oui et non.
Parfaite pour suivre une relance en bonne position
A moins qu’elle ne soit parfaitement excessive, AR est une bonne main pour suivre des relances, à condition que vous ayez l’avantage de la position sur le relanceur, c’est-à-dire que votre tour de parole arrive après le sien. Car si votre adversaire n’a pas AA ou RR, deux mains face auxquelles vous faites pâle figure, alors il peut avoir effectué une relance avec deux gros connecteurs assortis (RpDp) ou une moyenne paire. Si vous floppé un As ou Roi, vous serez a priori favori (même si des rencontres AR vs RR, ou AR vs AA avec un As ou un Roi au flop arrivent malheureusement quelquefois), et pourrez coincer votre adversaire s’il tente de bluffer avec un continuation bet. De même, si le flop n’affiche que des cartes anodines et toutes de couleurs différentes (rainbow), du type 3t 7k 10p, vous pouvez miser en semi-bluff s’il checke. Et même s’il a par exemple une paire moyenne de Huit ou de Neuf, il peut être effrayé par le Dix et checker. Dans ce cas, une mise substantielle (mais pas excessive car elle sentirait trop le bluff) devrait normalement le faire passer. Et s’il mise quand même sur un flop de cette texture, vous pouvez aussi tenter la sur-relance. Il ne peut alors que vous imaginer avec au minimum le Dix, un petit brelan, voire une paire supérieure à la sienne (les Valets ou les Dames). S’il suit quand même ? Vous n’avez peut-être pas encore tout à fait perdu ! Car vous avez encore quelques outs pour améliorer votre main sur le turn ou la river en touchant un As ou un Roi. Et si vous en avez le courage (ou les jetons), vous pouvez aussi tenter le tout pour le tout en bluffant encore à la quatrième. S’il suit encore, c’est qu’il a décidément un monstre (type brelan, RR ou AA) qu’il slowplay depuis le début du coup, vous laissant vous enferrer tout seul en vous offrant l’initiative de la mise… Si c’est le cas, il ne devrait normalement plus vous laisser de carte gratuite et vous relancer all in au turn. Vous n’aurez alors d’autre choix que de fuir !
A l’inverse, vous voyez que si vous êtes en premier de parole, il vous sera plus malaisé de faire un continuation bet au flop. Si vous êtes suivi, vous êtes coincé car vous ne saurez pas où situer votre adversaire et vous serez quasiment contraint de checker au turn si vous n’avez toujours rien trouvé, affichant clairement votre faiblesse. Si vous êtes relancé, la sur-enchère sera difficile à assumer dans le sens où vous payez en « pariant » que vous allez « toucher ». Or, ce n’est pas en pariant sur quelques outs que l’on gagne au poker…
Pas de taille face à de multiples surenchères
Imaginons que vous ouvriez les débats en relançant avec AR. Derrière vous, un joueur sur-relance, et une autre sur-relance encore. Que pensez-vous donc qu’ils aient ? Pour sûr, l’un des deux au moins a une grosse pocket pair, dans le pire des cas AA ou RR, et dans le meilleur DD, VV. Et même dans cette seconde hypothèse, vous êtes perdant à 2 contre 1. Bien sûr, il est possible que le dernier de parole ait profité de sa position pour sur-relancer avec AR ou même AD. Mais alors vous faites face à une grosse paire, et AR ou AD, ce qui minimise considérablement vos outs et augmente encore celles de la paire. Face à une guerre des enchères, il faut garder à l’esprit qu’il y a de grosses paires et des As de sortie. La seule façon pour vous de vous en tirer est d’espérer un board 10-V-D sans doublette. Etes-vous sûr de tout vouloir miser dessus ? Non, bien évidemment. Alors passez tranquillement et sans regrets en attendant un meilleur moment. Ce n’est pas afficher de la faiblesse mais au contraire une grande force car trop peu de joueurs arrivent à jeter AR, en particulier dans ces moments où tout s’emballe et où il y a tellement d’argent dans le pot. Les champions ne mettent pas en jeu leur stack et leur tournoi avec AR, car le coup se joue alors – au mieux – à pile ou face. A moins d’y être contraint…
Parfaite pour miser all in en short stack
… par la taille de votre tapis. En effet, si vous n’avez plus que l’équivalent de 10 surblindes ou moins, il vous faut impérativement tenter de doubler pour retrouver un tapis qui vous permette d’espérer aller plus loin dans le tournoi. Misez donc tout votre tapis avant le flop. Pourquoi avant le flop ? Car si vous vous contentez de relancer, que vous êtes suivi mais ne trouvez rien au flop, vous pourriez être tenté d’abandonner le coup. Et vous vous retrouverez encore plus affaibli et en plus mauvaise posture. Alors qu’un all in pré-flop vous garantit de voir tout le board si vous êtes suivi. Or, sur les cinq cartes, vous avez 60% de faire une paire. De plus, si vous êtes vraiment short stack, des adversaires avec des mains moyennes comme 9-10 mais avec un gros tapis pourraient être tentés de vous payer.
Et si vous n’êtes pas suivi, ma foi vous ramasserez les blindes et antes, et on continue le parcours…
Parfaite pour payer un tapis avec un gros stack
En revanche, si vous êtes parmi les chipleaders de la table ou mieux, du tournoi, vous pouvez parfaitement assumer des relances avec AR et surtout payer de petits all in de joueurs désespérés qui auraient fini par trouver une main décente. Car ou vous partez avec un léger handicap (face à une paire autre que les As ou les Rois), ou vous êtes franchement favori (face à toute autre main type AD, RD etc.).
Si vous gagnez le coup, vous renforcez encore votre avance et en plus vous sortez un joueur du tournoi. Et si vous le perdez, cela ne vous sera pas trop préjudiciable puisqu’il n’aura que peu entamé votre tapis. Le risque du coin flip est ici parfaitement acceptable en raison de votre important tapis : de bonnes de chances de gagner, et très peu à perdre.
C’est pourquoi quand vous vous retrouvez avec AR à des stades avancés d’un tournoi, que les blindes et antes sont si élevées que chaque pot vaut la peine d’être remporté, prenez bien le temps d’analyser la taille des tapis adverses, et voyez si les joueurs dont le tour de parole n’est pas encore arrivé ont eux aussi un tapis conséquent. Si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à envoyer la sauce. Un joueur excédé et au tapis très entamé pourrait alors vous faire le plaisir de vous suivre avec une poubelle !
Piège avec un tapis moyen
Examinons à présent la situation plus intermédiaire, celle où vous avez un tapis moyen. C’est là qu’AR se révèle la plus dure à jouer.
En misant fort, vous pouvez susciter deux types de réaction chez vos adversaires : la crainte qui les incitera tous à passer. Gagner sans combattre, ça devrait vous aller, non ? Mais cela pourrait aussi être interprété comme de la faiblesse, comme une petite paire que l’on ne saurait trop comment jouer si ce n’est en voulant gagner par K.O. Cette lecture pourrait susciter l’intérêt de certains, en particulier celle de joueurs agressifs et créatifs qui verrait là une bonne occasion de vous attraper (bien sûr, tout dépend des joueurs que vous avez à votre table et surtout de l’image que vous avez renvoyée jusque-là). Si vous manquez votre flop, vous n’avez que trois options : continuer à miser en bluff, checker et caller s’il mise en espérant que votre adversaire bluffe et qu’il va mollir au turn (ne pas espérer cela d’un joueur averti et rusé !) ou checker et passer et passer. Aucune de ces alternatives n’est particulièrement attrayante, et perdre des jetons alors qu’on est en possession d’un tapis moyen rend votre stack encore plus vulnérable. Car il n’est pas assez gros pour effrayer votre adversaire et voler le coup grâce à une grosse enchère, et pas assez petit non plus pour miser all in.
Donc, un conseil quand vous avez AR et un tapis moyen : ne jouez pas votre main trop agressivement, de sorte que vous puissiez vous en tirer à peu de frais si vous manquez votre flop. Et surtout, veillez à ne pas être hors position avec cette main. Car si vous avez l’avantage de la position sur votre adversaire, vous pourrez toujours essayer de voler le coup.
En définitive, même si AR est une très belle main, elle ne vaut pas de mettre en péril son tapis et plus encore son tournoi. En particulier dans les premiers niveaux, où le risque est grand de se faire sortir, en regard d’un gain potentiel faible et volatil. Pareil en cash game, où le risque du coin flop ne mérite pas d’être pris. Mieux vaut attendre une main plus sûre ou au minimum de voir le flop. En revanche, elle peut être jouée de façon très agressive en toute fin de tournoi ou si vous êtes short satck.
A retenir
Vous ouvrez vos cartes, et là, bonne surprise, vous découvrez AR. Que faire ? S’il n’y a pas de modèle de jeu gravé dans le marbre, voici en revanche quelques règles simples mais essentielles à graver dans votre esprit pour tirer le meilleur de cette main.
1. Ne vous emballez pas et ne vous laissez pas piéger, AR n’est qu’une main de tirage
2. Relancez fortement pour éliminer un maximum d’adversaires
3. Ne suivez des relances que si vous avez la position sur le relanceur
4. Ne pensez pas être favori si vous avez affaire à de multiples surenchères : il est alors plus sage de jeter votre main
5. AR est la main parfaite pour miser all in quand on est short stack
6. Si vous avez un gros tapis, vous pouvez suivre les relances des petits tapis à moindre prix et avec d’honnêtes chances de gain
7. Avec un tapis moyen, AR est une main piège qu’il ne faut pas sur-jouer au risque de tout perdre
8. A moins de n’avoir plus que très peu de jetons, AR n’est pas une main de all in, surtout en début de tournoi et en cash game
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“whenever I start feeling sad cuz I miss you I remind myself how lucky I am to have someone so special to miss.”
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