LA LIGNE ROUGE
Il vient de passer sur Paris Première, c'est donc le bon moment pour parler de ce film de guerre. Ce film de Terence Malick sorti en 1998 n'est pas un simple film de guerre retraçant la bataille de Guadalcanal mais une oeuvre mélant Poésie et Philosophie.
“ La ligne rouge ” avait déjà été porté à l'écran en 1964 sous le titre “ L’attaque dura sept jours ” par Andrew Marton, avec Keir Dullea et Jack Warden. Même si le dossier de presse ne s’est pas vanté de l’existence de cette première adaptation, il était malgré tout difficile d’ignorer que l’action de “ la Ligne rouge ” se situe après l'anéantissement de la flotte américaine à Pearl Harbour le 7 décembre 1941, à ce tournant de la Seconde Guerre mondiale où les Américains, d'août 1942 à février 1943, cherchent, quel qu'en soit le coût matériel et humain, à reprendre le contrôle du Pacifique. Ce qui implique, vu le peu de terre permettant de faire escale entre Tokyo et Los Angeles, un débarquement dans la chaîne des îles Salomon. Le cinéma a popularisé à maintes reprises ce chapitre de l’histoire qui, chronologiquement, commença avec “ La bataille de Midway ” (John Ford), pour se poursuivre avec “ Okinawa ” (Lewis Milestone), “ les diables de Guadalcanal ” (Nicholas Ray), “ Duel dans le Pacifique ” (John Boorman) et bientôt le “ Pearl Harbour ” de Michael Bay.
L’action du film se déroule sur l'île de Guadalcanal, là où va se dérouler l'une des batailles les plus meurtrières de la Seconde Guerre mondiale. Une île qui fut un paradis, avec ses populations de pêcheurs vivant au rythme d'une nature prodigue, avant que la guerre ne la broie dans sa gueule d'acier.
Le film suit un bataillon, la compagnie Charlie. Elle prépare l'invasion d'une position forte de l'ennemi Japonais, sur l'île de Guadalcanal, endroit stratégique par excellence. Au départ les militaires ne rencontrent aucune résistance. Les Japonais les obligent à s'enfoncer plus en avant dans l'île. Les soldats Américains pénètrent tout droit dans un piège où ils vont se retrouver confronter à des aborigènes, des obstacles imprévus, leurs propres peurs, et surtout la mort et le doute existentiel. Comme James Jones, l’auteur du roman à l’origine du film qui fut grièvement blessé pendant ces événements, Terrence Malick consacre une partie non-négligeable de son film à l’assaut sanglant de la fameuse cote 209.
Le film nous fait partager le quotidien de ses hommes confrontés à l’horreur. Il évolue au gré des subjectivités de plusieurs personnages représentant chacun un archétype de nature et de comportements. Il y a l'égoïste, le généreux, l'arriviste, l’humble soldat, le courageux, le lâche... A travers le parcours de ces hommes les barrières du film de genre sont très vites dépassées.
Casting
Réalisation
Réalisateur Terrence Malick
Acteurs
Le sergent-chef Edward Welsh Sean Penn
Le soldat Witt Jim Caviezel
Le soldat Bell Ben Chaplin
Le capitaine John Gaff John Cusack
Le soldat Fife Adrien Brody
Le capitaine Charles Bosche George Clooney
le second lieutenant Whyte Jared Leto
Le soldat Tills Tim Blake Nelson
Le sergent Keck Woody Harrelson
Le capitaine Staros Elias Koteas
Lieutenant Colonel Storm Nick Nolte
Le général Quintard John Travolta
Le soldat Ash Thomas Jane
Marty Bell Miranda Otto
Le soldat Beade Nick Stahl
Doll Dash Mihok
Storm John C. Reilly
McCron John Savage
Tella Kirk Acevedo
Production
Producteur Robert Michael Geisler / Grant Hill / John Roberdeau
Producteur exécutif George Stevens Jr.
Scénario
Scénariste Terrence Malick - D'après l'oeuvre de James Jones
Equipe technique
Directeur de la photographie John Toll
Compositeur Hans Zimmer
Monteuse Leslie Jones / Saar Klein / Billy Weber
Chef décorateur Jack Fisk
Chronique
Objectif cinéma - Par Marc LEPOIVRE
Le lien : http://www.objectif-cinema.com/analyses/060.php
LA DISCORDE ET L'HARMONIE
Après le mémorable Days of Heaven et vingt ans de silence, Terence Malick signe en 1998 un retour attendu, entouré d'un halo de mystère, avec The Thin Red Line, film événement par son ambition, son ampleur, sa pléiade de stars, film de guerre complètement atypique par son coté contemplatif. En effet, Malick ne renonce pas à cette veine philosophico-poétique qui est la sienne, fort rare dans une superproduction hollywoodienne, et nous livre une oeuvre singulière et impressionnante, romantique et nourrie de culture, renvoyant à un certain courant de la littérature américaine et de la philosophie. Car en vérité, Malick ne cache pas la portée métaphysique de son propos; il préfère dépasser les données contingentes, historiques de la fameuse bataille de Guadalcanal pour aborder la guerre dans son être-même en tant qu'elle implique un véritable être-au-monde et aussi en tant qu'elle constitue un des grands mystères de l'existence et de l'humanité, en posant le problème du mal.
En première instance, il semble que Malick ait trouvé dans le film de guerre, tel que le récit de James Jones lui en fournissait la matière, un genre lui permettant de traiter son thème de prédilection: le rapport à la Nature (ou au cosmos). L'île de Guadalcanal est clairement filmée comme un lieu idyllique, aux airs de jardin d'Eden, où les autochtones, loin de l'affrontement entre américains et japonais, vivent en harmonie avec le monde; un monde d'avant la chute, baignant le film ( et ce qui s'y joue: la guerre) dans la lumière d'un matin des origines. Et l'on sent, chez Malick, l'intention naïve et première de filmer simplement la beauté du monde, d'en témoigner, sans tricher, sans rien recréer artificiellement. De là cette impression de chant, de célébration du monde.
C'est dire le caractère contemplatif du film, qui procède de façon poétique, s'arrêtant sur des éléments de pure beauté qui suspendent le cours du récit : travellings aériens et envoûtants au raz des herbes, ralentis, superbe composition plastique des plans, images fugitives de pure beauté picturale ( l'image d'un soldat qui craque une allumette dans une tante, éclairée comme un tableau de Georges de la Tour), musique planante et orchestrale de Hans Zimmer.
Le chant du monde se présente comme le témoignage de sa diversité. La nature est un réservoir inépuisable d'êtres, de cas, d'espèces, d'individus. Comme dans Days of Heaven, Malick filme les ciels, les rivières, la flore, et surtout la faune, comme si le cinéaste voulait rassembler dans l'espace du film la totalité des espèces du vivant. Cinématographiquement, cela se traduit par des plans en inserts de différents animaux. Or on ne peut manquer dêtre frappé par le fait que ces inserts sont détachés de l'économie fonctionnelle du récit, comme séparés de ce qui se joue entre les hommes (la guerre) : sortes de contrepoints ironiques inscrit dans un contrechamp inaccessible. Enigmatiques ou allégoriques (l'oisillon à terre pendant que les combats font rage, une feuille rongée de trous comme un soldat criblé de balle ), ils semblent avoir pour fonction d'attester la présence foisonnante du monde, d'établir celui-ci dans son être-là , une nature profondément habitée, animée au sein de laquelle se situe l'humanité en guerre. Il y a dans le cinéma de Malick un panthéisme évident, lié à un strict plan d'immanence ( aucune trace de transcendance chez Malick).
Que la guerre prenne place dans un cadre aussi paradisiaque est significatif ; c'est là évidemment une façon spectaculaire d'opposer les deux ordres de la nature et de l'histoire et de renouer avec un thème romantique : La nature, dans sa beauté et majesté même, est indifférente à la violence et au malheur des hommes. Cependant, le plan d'un visage de japonais mort qui se mêle à la terre rappelle que l'homme, dès lors qu'il quitte l'ordre historique et humain, revient à la nature. De même, lorsque Witt, le soldat déserteur, se fait tuer par les japonais, sa mort coïncide avec les images d'harmonie originelle, de fusion avec la nature.
De cette séparation irrémédiable procède le problème du mal, auquel Malick ose cinématographiquement se mesurer. Le mal, en l'occurrence la guerre, est le signe que l'homme a brisé l'unité du monde et s'est livré à la division. A l'origine, pourtant, l'unité était possible. Ce n'est pas un hasard si le cinéaste débute son film par une longue séquence rousseauiste où l'on voit le soldat Witt ( James Caviezel) partager la vie d'une tribu de pêcheurs mélanésiens, en parfaite harmonie avec le monde. Le mal, c'est donc la perte de l'un ; le film répète le mythe de la Genèse et de la Chute et se place sous le signe du paradis perdu, un thème profondément américain.
Pour autant, la question du mal ne saurait se réduire à une vision manichéenne. Il n'y a pas d'un côté une nature bonne et harmonieuse, de l'autre une histoire mauvaise et violente. Ainsi, du point de vue de Witt , la nature renvoie à un souverain bien. Mais du côté du colonel (Nick Nolte) elle correspond à un univers dur et cruel . Au capitaine trop sensible qui lui a désobéi en refusant d'envoyer ses hommes à une mort certaine, il désigne au loin des lianes envahissant tout sur leur passage et donne un modèle naturel à la guerre, celle-ci n'étant que la continuation humaine de la nature.
Ainsi le monde que donne à voir Malick est placé sous le signe de l'ambivalence, lieu conjoint de discorde et d'harmonie. Sans doute faut-il voir là la loi secrète qui gouverne la composition de The Thin Red Line : une dialectique du fragment et du tout.
En effet, si le mal, en tant que principe de division, est le problème philosophique central du film (par le biais de la voix-off de Witt, la question sera posée : d'où vient le mal ? Comment expliquer sa présence sur terre ?), c'est qu'il pose la relation paradoxale et impossible entre l'Un, le Principe et la diversité de ses manifestations, de ses formes.
Revenons à la nature. L'admirant sous l'une de ses facettes (un couple de perroquets), Witt, encore lui, exprime cette interrogation métaphysique : " Ou est le Principe qui se manifeste sous des formes aussi diverses ? " La nature est soumise à la loi du fragment. Et le monde, chez Malick, apparaît comme un " échantillonnage ", les gros plans d'animaux pouvant être considérés comme des échantillons prélevés au tout de la nature.
Cette dialectique du fragment et du tout régit le système narratif du film. Malick a recours à une construction polyphonique : un enchevêtrement de voix-off des divers personnages. Procédé complexe et très littéraire qui fait penser moins au roman (succession de points de vue à la Faulkner) qu'au poème (le chant polyphonique à la Whitman).
Ainsi, comme la nature, la narration obéit au même principe de l'Un et du Multiple. Il y a là une loi de composition dont il faut trouver le fondement philosophique dans cette phrase de Witt : " Les hommes n'ont-ils pas une âme commune. Mille visages, un seul homme. Le grand Soi. ". Evidemment, ces différentes voix, ces différents moi n'en forment qu'un seul, un moi-monde, un moi-tout (Le moi de l'Amérique ?).
Ce qui est beau, dans The Thin Red Line, c'est que les fragments n'empêchent pas le sentiment d'un tout. De fait, le film se donne bien comme une totalité organique, une totalité faite d'échanges, de passages, de relations entre les fragments.
Ainsi, par l'utilisation polyphonique des voix-off, le film instaure sans cesse une relation entre l'intérieur et l'extérieur, la conscience et le monde. Il y a également ce jeu constant entre l'individu et le collectif, Malick s'intéressant finalement plus à la conscience de quelques hommes face au combat, à la mort ( le sentiment d'avoir tué un homme par exemple) qu'à un conflit dont les enjeux les dépassent. A travers Witt, le soldat déserteur et mystique, le film joue de la relation entre la réalité (la guerre) et l'imaginaire(les images de l'harmonie originelle) où, avec le soldat Bell, entre le présent et le passé ( les images de bonheur avec sa femme). Autant de signes qui renvoient au thème du paradis perdu. Bref, voilà différents modes autour desquelles s'articule cette dialectique du fragment et du tout.
Pour finir, on pourrait avancer l'idée que, à travers ces différents aspects, La Ligne Rouge est finalement un film profondément américain, non pas tant en fonction des canons hollywoodiens qu'au regard d'une certaine culture littéraire. Comme l'expliquait Gilles Deleuze dans un texte sur Whitman, les américains ont un sens naturel du fragment en ce sens que l'Amérique elle-même est faite d'états fédérés et de peuples divers, collection de fragments, sans cesse hantée par la menace dune sécession, c'est-à-dire la guerre. D'où cette insistance dans les discours militaires à présenter l'Amérique comme une famille unie tout en sentant trop bien le coté forcé de cette idée de pure propagande. En même temps, les fragments coexistent avec le souci d'inventer un tout. "La Ligne Rouge" se place dans cet héritage whitmanien car il procède du divers pour viser une totalité mais une totalité issue d'un ensemble de relations entre les fragments. De ce point de vue, ce film hors-mode illustre la réalité de la littérature américaine au sens où l'entendait Deleuze : " La spontanéité ou le sentiment inné du fragmentaire; la réflexion des relations vivantes chaque fois acquises et créées. Les fragments spontanés, c'est ce qui constitue l'élément à travers lequel, ou dans les intervalles duquel, on accède aux grandes visions et auditions réfléchies de la Nature et de l'Histoire. ".
Vous pouvez trouver une autre chronique, qui s'avère toute aussi interessante, avec le lien suivant :
http://www.cine-studies.net/etudes/ligrouge.html
Site internet
http://www.foxmovies.com/thinredline/
Terence Mallick
Terrence Malick est né à Ottawa, dans l'Illinois, le 30 novembre 1943. Diplômé de Harvard, il se consacre tout d’abord au journalisme. Il collabore au New Yorker et enseigne dans le même temps la philosophie au MIT. Il entre ensuite à l'American Film Institute où il signe un court métrage, “ Lanton Mills ”. Puis, il écrit deux scénarios de longs métrages (“ Deadhead Miles ” et “ Pocket Money ”), et prend le pseudonyme de David Whitney pour signer celui de “ The Gravy Train ” qui sera réalisé par Jack Starrett.
Financé et réalisé en 1974 dans des conditions précaires, son premier film en qualité de réalisateur, “ La ballade sauvage” (“ Badlands ”), révèle une grande sensibilité, alliée à une maîtrise plastique exceptionnelle. Le film conte l'odyssée meurtrière d'un rebelle sans cause (Martin Sheen) et de sa compagne (Sissy Spacek) à travers le Middle West des années 50. Un couple tout à la fois innocent et monstrueux, que le cinéaste observe avec force ironie, tout en se gardant bien de plaquer sur son film un quelconque jugement moral. Construit sur la dissonance d'images somptueuses, d'une voix off sèchement sobre, le récit s'insinue dans la brutalité de l'Amérique sauvage des années cinquante. Cette cavale de deux délinquants déchaîne la critique qui compare le metteur en scène à Orson Welles au temps de “ Citizen Kane ”. Pour beaucoup c’est le meilleur premier film depuis “ Citizen Kane ”.
La suite confirme la singularité du réalisateur. Séduit par son talent, Charlie Bluhdorn, un haut dirigeant des studios Paramount, lui offre un million de dollars d'avance sur son prochain film. Le réalisateur ne se précipite pas et met deux ans pour monter son deuxième film. Il mettra un an à le tourner et passera deux ans dans la salle de montage au grand dam de ses producteurs. En 1978, sort sur les écrans “Les moissons du ciel” (“ Days of heaven ”). Il a tourné dans les grandes plaines de l'Alberta, au Canada, entièrement en lumière naturelle, grâce notamment à l’excellent travail de son chef opérateur Nestor Almendros. Le film oppose à la splendeur d'une faune et d'une nature vivante les aspirations de migrants échappés du ghetto industriel de Chicago. Il récolte le Prix de la mise en scène à Cannes en 1979, année où la Palme d'or fut décernée à “ Apocalypse Now ”.
Si ses deux premiers films ne seront pas des triomphes commerciaux, ils imposent néanmoins Malick comme un cinéaste majeur. Il s’en suivra une longue période de silence cinématographique. Tout le monde commençait à désespérer de voir Malick reprendre la caméra un jour. Puis, on finit par apprendre qu’il écrivait une adaptation de “ la Ligne rouge”, roman de James Jones (1921-1977), dont nombre de ses ouvrages furent adaptés pour le grand écran : “ Tant qu'il y aura des hommes ”, par Zinneman, “ Comme un torrent ”, par Minnelli, et “ La fille d'un soldat ne pleure jamais ”, par James Ivory. Terrence Malick revient, donc, après presque 20 ans d’absence, à la mise en scène avec “ La Ligne rouge ” (“ The thin red line ”). Malgré sa longue absence, l’admiration de ses pairs et de la critique sont restés intactes. Malick a vu, pour “ La ligne rouge ”, le tout Hollywood se précipiter en masse afin de faire partie du casting du film, acceptant même de revoir leur salaire à la baisse. A la vision du film, le prestige du cinéaste ne se dément pas.
Malick le marginal
Dans l'anthologie Cinquante ans de cinéma américain, Bertrand Tavernier concluait son article consacré à Malick par : “Espérons qu'il (Malick) ne suivra pas l'exemple de Salinger et qu'il ne nous laissera pas seulement (si l'on peut dire) ces deux poèmes fulgurants et uniques.”[1] Il ne faut pas voir dans l’insuccès public de ses deux premiers long-métrage, la raison de ce qui pourrait sembler être une rupture avec Hollywood. Une curiosité insatiable explique davantage le vide dans sa biographie. Soit vingt années à l’ombre des plateaux, consacrées semble-t-il à une intense fréquentation des musées du monde, des voyages aventureux en quête de faunes rares, un intérêt pour le bouddhisme, des articles pour Life et The New Yorker, la préparation d'une adaptation scénique de “ L'intendant Sansho ” de Mizogushi, des pièces confidentielles avec Andrzej Wajda, etc. On le vit également apparaître dans quelques sériés télévisées comme “ The Beats ” ou “ Golden Fiddles ”. Il fut également producteur en 1998 du film “ Endurance ”.
Pendant cette période, les producteurs de tous horizons n'ont cessé de le courtiser. Ils étaient même prêts à tolérer ses plus excentriques exigences : sa difficulté à obéir à un planning, sa versatilité intrinsèque de biologiste papillonneur, ses impulsions maniaques, parfois mêmes colériques. Dans son entourage se murmure ce mantra : “C'est un génie, voilà la bonne et la mauvaise nouvelle...” Malick a la logique d’un franc-tireur.
Le mystère qui tourne autour de Terrence Malick ne cesse d'intriguer. Coquetterie outrancière, orgueil d'artiste pur et dur, génie de la mystification ou génie tout court ? Le Texan refuse toute interview depuis un quart de siècle. C’est un obsessionnel de la vie privée au point de masquer les couvertures des livres qu'il lit ou des cassettes qu'il écoute, de crainte de livrer des indices trop intimes de sa personnalité. Alors que le barbu répugne à se laisser photographier, il joue les stars pourchassées en ne pratiquant que les entrées de service des établissements publics.
Le mystère de sa légende s'épaissit d'anecdotes les plus étranges. Par conviction religieuse, ce fervent épiscopalien exigerait que tout poste de télé soit ôté de sa vue dans les hôtels. Pour vérifier la signification d'un mot, il aurait rencontré le philosophe Heidegger, dont il a traduit “ Le principe de la raison ” en 1966. Tout ceci avant même de songer à se consacrer au métier de cinéaste, une vocation mûrie à l’âge de 28 ans, et nourrie par l'écriture, la photographie, l'étude spirituelle…
Tous ces éléments propres à l’excentricité de l’auteur ont participé à l’attente particulière cristallisée autour de la sortie de “ La Ligne rouge ”, qui encore une fois, malgré sa reconnaissance critique, n’a pas eu les faveurs du public. Cette relative désaffection des salles peut s’expliquer en partie par la sortie la même année d’un autre film de guerre : “ Il faut sauver le soldat Ryan ” de Steven Spielberg. A la sortie du film de Malick, les comparaisons avec le film de Spielberg furent systématiques, alors que le terrain de mise en parallèle est bien plus mince qu’il n’y paraît.
Sources : allocine, objectif cinéma...
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Film : La ligne rouge
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Film : La ligne rouge
Messagepar nodread » Mardi 14 Avril 2009 00:08
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