Messagepar Farlen » Jeudi 01 Avril 2010 18:19
YES !
Comme je l'attendais, la réponse du trublion ! Elle participe en effet d'un schéma général, et celui-ci est fort bien respecté :
Episode 1 : Assener une vérité qui dérange.
Où notre héros débarque de nulle part pour déclarer, sentencieux et en 3 mots, que sa cible est l'archétype d'une catégorie de gens méprisables.
Nulle argumentation, bien sûr, ce serait donner du lard à des cochons. Normal : notre héros est au-dessus de la mêlée. Il se doit de distiller sa sagesse aux hommes, et tel le Dieu en sa Chapelle Sixtine, un doigt suffit.
Episode 2 : Se victimiser avec deux doigts d'ironie.
Où notre héros milite en sa faveur, toujours sans le moindre argument. L'ironie est son arme, il en use pour tenter de toucher l'adversaire dans les tréfonds de sa (bonne) conscience.
• Première assaut : assumer une fausse culpabilité grâce à un auto-dénigrement outrancier.
• Deuxième assaut : exagérer le fait que l'adversaire à raison afin de bien montrer qu'il a tort.
• Troisième assaut : « punir » le bon peuple en se retirant de la vie pol... du forum, ou en menaçant de le faire. Saluer cordialement « les autres », ceux qui n'ont pas participé à la charge, afin de tenter de les retourner contre le méchant adversaire.
Episode 3 : Argumenter (enfin) pour défendre ses idées.
Où notre héros a l'heur de ne pas entériner son départ annoncé pour exposer le fond de sa pensée. Foin d'ironie, il présente désormais des arguments qui participent au débat.
Il est alors de bon ton d'introduire son discours par une quelconque formulation révélant que — somme toute — sa première salve a été mal perçue, que le débat qu'elle enfanta n'était qu'un malentendu.
ex : « (...) mais ma reponsse n etait pas provocatrice pour un sous. Je ne comprend vraiment pas... »
Fort de cette désormais évidence et de la remise à zéro du « compteur perceptif » des lecteurs, notre héros se lance dans l'expression de ce qu'il voulait vraiment signifier. Foin de litotes, l'argumentation est cette fois nécessaire. Point n'est besoin qu'elle soit profonde, nul n'attend qu'il défende une thèse et ce n'est pas le lieu. En revanche, cet effort minimum contribue bien au débat par la confrontation des points de vue.
Quant au discours en lui-même, il se pare de certaines vertus : atténuer toute perception possible d'arrogance (« Désolé, mais... », « Je suis d'accord que... », « Peut-être que... »), reconnaître que ses opposants puissent avoir certaines qualités (« XXX est doué, mais... ») ou aient eu quelque raison de s'offusquer de sa première salve (« Toutes mes excuses si... »).
Sans présager de ce qui se passera, la suite des événements est normalement la suivante :
Episode 4 : Laisser sa nature reprendre le dessus.
Où notre héros, fort de son blason redoré, ne se sent plus contraint et laisse libre cours à ses penchant naturels.
Premier assaut : il s'enflamme à nouveau, mais en faisant preuve d'un minimum de retenue, preuve qu'une certaine expérience a un tantinet endigué son penchant naturel.
Seconde assaut : ledit penchant naturel peut faire irruption à tout instant, les mots ne dépassant pas la pensée, et notre héros se retrouve dans l'exacte situation initiale (cf. Episode 1).
Conclusion (en guise de) : Lâcher une petite pique, l'air de rien.
Où notre héros lance une petite pique... heu... l'air de rien.
Cette forme rhétorique est en principe utilisée en fin d'Episode 3, après avoir fait en sorte de rentrer dans les bonnes grâces de ses lecteurs. Elle vise en général à isoler certains adversaires, ou à leur faire comprendre qu'on reste un minimum combatif (« ... étant donné que les attaques ne sont pas venues de toi. »).
J'achèverai donc ce pédant exposé — donneur de leçons et tout et tout... — par ma petite pique, étant bien entendu que je ne déroge à aucune règle précitée :
Le comble de l'arrogance non assumée est de se dire attaqué quand on a lancé la première offensive.
@+ Farlen