Musique : Forever Changes par Love

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Musique : Forever Changes par Love

Messagepar nodread » Lundi 28 Janvier 2008 03:44

FOREVER CHANGES PAR LOVE

Dans la longue tradition des albums oubliés des 60’s qui ont laissé une grande influence pour la musique de l’époque, je vous présente Forever Changes de Love. Bien évidemment ce nom ne doit pas vous dire grand chose, autant que des albums comme Strange Days des Doors peuvent vous sembler (et vous auriez raison !) des chefs-d’œuvre de rock psychédélique. Car l’histoire du Rock, et c’est bien connu, est malheureusement injuste : à ne retenir que les albums qui se sont les mieux vendus (pas toujours il est vrai) elle en oublie parfois les précurseurs, ceux sans qui elle n’aurait sûrement été pas la même aujourd’hui. Vous aimez les années 60 et le Rock psychédélique ? Alors ne passez surtout pas à côté de Forever Changes !

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Groupe assez méconnu mais néanmoins indispensable, articulé autour des géniaux Arthur Lee et Bryan McLean, Love aura contribué mieux que quiconque à la renommée de la scène californienne des années 60 aux côtés des Doors et des Byrds. Prés de 40 ans, des groupes comme The Coral ou Girls in Hawaï témoignent de l’influence toujours vivace de la formation au nom le plus envoûtant au monde. Explication avec le cas Forever changes.

Chef-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvre, obligatoirement rangé dans toute discothèque qui se repecte aux côtés d’autres étendards pop tels que Pet Sounds (The Beach Boys), Odessey and Oracle (The Zombies) ou Sgt Pepper (The Beatles), Forever changes est un de ces disques inépuisables, addictifs, dont on tombe amoureux, au fur et à mesure qu’il nous accompagne.

A la première rencontre ("Alone again or") on est forcément séduit, mais méfiant, car tout le monde a connu ça un jour : lorsque le coup de foudre se produit, le monde semble merveilleux, illuminé, mais arrive souvent par la suite le temps des desillusions. Ici, en l’occurrence, ce n’est pas le cas : on se rend compte que l’on a affaire à l’une de ces perles sur lesquelles on tombe rarement dans la vie, l’un de ces diamants qu’on ne pensait jamais pouvoir tutoyer, même dans nos rêves les plus doux. Pourtant, les mois passent, et un constat s’impose : impossible de s’en détacher. Leïtmotiv qui concerne aussi bien l’auditeur que la bande d’Arthur Lee, alors sous l’emprise de l’héroïne et du LSD.

Album plus mythique de par sa genèse cahotique que par son résultat penserez vous ? "Alone again or", le premier titre, apporte déja un début de réponse : le côté flamboyant et violemment baroque de la composition, les envolées de violons et la mélancolie foudoyante des trompettes mariachi annoncent un disque haut en couleur et inspiré. Le reste de l’album ne vient que confirmer le génie dont fait preuve la bande à Arthur Lee en cette année 1967. La beauté du chant de celui-ci, la richesse et la diversité des arrangements et des instruments utilisés (en vrac : du cor, des trompettes mariachi, du violon, du clavecin, etc...) propulsent certains morceaux à un haut degré d’incandescence.

On voyage du speedé "A House is not a motel", avec son riff légendaire de guitare en début de chanson, au paisible et déchirant "Andmoreagain", en passant par un "The good humor man he sees everything like this", totalement décadent et partant dans toutes les directions (la conclusion de la chanson est à ce titre éloquente : saccadée, spasmodique et déviante). Une chanson un peu à l’image de l’Amérique de cette période, embourbée dans la guerre du Vietnam et en pleine psychose de la Guerre Froide, évoquée d’ailleurs dans "The Red Telephone", chanson la plus ouvertement politique de cet album.

La radiographie du pays de Nixon, décrit comme malade, violent et paranoïaque, rejoint celle d’autres artistes de l’époque comme Peckinpah ou Dylan. Prônant à travers leur musique le métissage, que ce soit de la musique ou des populations (il s’agit du premier combo multi-ethnique dans l’histoire du rock), Love est un de ces groupes emblématiques d’une époque, d’un état d’esprit, au même titre que The Doors, leurs compagnons de label, qu’ils ont contribué à faire connaître.

(par Alexis Robache)

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Track listing :

1 Alone Again Or
2 A House Is Not A Motel
3 Andmoreagain
4 The Daily Planet
5 Old Man
6 The Red Telephone
7 Maybe The People Would Be The Times Or Between Clark And Hilldale
8 Live And Let Live
9 The Good Humor Man He Sees Everything Like This
10 Bummer In The Summer
11 You Set The Scene


Biographie :

par Philippe Manoeuvre

Une petite introspection dans les albums et les titres de ce groupe injustement éclipsé par les grosses pointures psyché de l’époque, permet de se rendre compte de son ampleur et de son impact souterrain sur la musique californienne et anglaise. Mieux qu’un impact, Love c’est un véritable tremblement de terre fait de mélancolie et d’envolées mystiques, de dandysme et de drames internes (comme tous les groupes psyché d’ailleurs), d’horizons bleuis par des années de croyance en une "paix perpétuelle", de forêts luxuriantes où pouvaient s’épanouir l’amour et la liberté et même devenir pléonasme. Petite introspection dans les albums et les titres emmenés (d’une main rageuse et sépulcrale) par Arthur Lee, tête pensante de Love et "premier black hippie" (dixit Lee lui-même) à faire décoller le garage et le psychédélisme de leur base rythm’n blues vers des cimes éthérées.

Mai 1966. Premier album éponyme. Label Elektra. Le groupe pose en couverture dans le manoir hollywoodien qu’il squatte depuis quelques mois et qui a appartenu il fut un temps au comédien de série B Béla Lugosi, Monsieur Dracula (avant Christopher Lee et les films de la Hammer). Dans cette bâtisse le groupe devient une vraie confrérie et entre deux coup de pelles pour le jardin potager, quelques dégustations de champignons hallucinogènes (cf. le titre "Mushroom Clouds") Arthur Lee et sa bande posent calmement les bases du psychédélisme. Cela commence par une reprise très garage (on a carrément l’impression d’entendre les Music Machine de Californie) du thème de Burt Bacharach "My Little Red Book" : nerveux, arrogant, avec des montées en puissance "contenues". Sur "Can’t Explain" (à ne pas confondre avec le "I Can’t Explain" des Who de l’année d’avant, 1965) on tend plus vers les Byrds et les Who encore (période "I Can See A Miles") tout en revisitant les Beach Boys, ambiance "on fait du surf complètement bourrés". On sent que Ken Forssi (basse) et Bryan MacLean (guitare) ne sont pas là pour rigoler et qu’ils sont prèts à tout pour mettre à mal le beau rêve californien du "sea, sex & sun". Sur le très dylanien "A Message To Pretty", Arthur Lee y déploie une mélancolie (qui n’est pas sans rappeler celle du titre "Dust"des 13th Floor Elevators texans) et qui deviendra sa marque de fabrique.

Comme le disait si justement le critique de musique Philippe Manœuvre "voix déguisée du chanteur noir imitant un Blanc imitant un Noir". On sent que Lee a beaucoup écouté James Brown et Little Richard dans sa Memphis natale. C’est même peut-être ça qui fait le charme et "l’impact souterrain" de Love, cette manière de flirter avec la soul et le folk, le psychédélisme anglais (à l’époque il était de bon ton de se la jouer english sur la Côte Ouest) et la ballade country. Les stoniens "My Flash On You" et "Signed D. C" (cette dernière chanson a été écrite en souvenir de l’ancien batteur et ami Don Conka tombé dans l’héroïne) annoncent incroyablement les Stooges d’Iggy Pop. Arthur Lee y crache une colère pleine de vie et de sensualité avec un réalisme assez étonnant à une époque où tout le monde est un peu "dans le vent". Sur "Coloured Balls Falling" on sent la présence des Kinks et des Yardbirds et on comprend tout de suite que les londoniens les aient adoptés et que les hippies leur ont préférés les Dead et la Holding Company de Janis Joplin. De juin à octobre 67, Love enregistre "Da Capo" son deuxième album. Là encore, le groupe pose dans le manoir, manière à lui de rester ancré dans le réel face à une grande consommation de buvards et de substance diverses. Dans cet album le titre "Stephanie Knows Who" déploie des ailes expérimentales qui joue avec le jazz et le déconstructivisme et qui n’est pas sans rappeler Zappa et sa bande de freaks des Mothers Of Invention si ce n’était cette “posture british” de Love et ces accords de l’organiste Alban "Snoopy" Pfisterer. La très belle chanson "Orange Skies" permet à Lee de faire le crooner (version masculine de Dionne Warwick) et d’annoncer à sa manière l’arrivée de l’automne sur Los-Angeles. Pour "7 & 7 Is", Arthur Lee nous pond l’un des premiers titres punk de l’histoire (dixit Lee lui-même), fébrile et électrifiée et avec l’interminable morceau "Revelation" (19 minutes !), Love renoue avec le blues et le rythm’n blues.

Comme le dira la journaliste indépendante Lilian Roxon dans son Encyclopédie du Rock "Arthur Lee est cette curiosité paradoxale, un Noir qui chique au Mick Jagger, chanteur Blanc qui a construit sa carrière sur l’imitation des musiques nègres". Même année. 1967. Dernier album. "Forever Changes". Un rêve éveillé plein d’illuminations et de picotements stellaires qui commence avec le sublime titre "Alone Again Or" d’un MacLean brusquement "hispanisé" et se termine par "You Set The Scene" qui fait écho à sa manière au "Wasn’t Born To Follow" des Byrds (cf. le film Easy Rider) et même à certaines chansons des Yardbirds. Avant que le rideau ne se referme complètement, "Bummer in the Summer" vient chatouiller encore Zappa et "The Red Telephone" vient calmer les peines de cœur et apaiser les esprits torturés, quelque part entre Ziggy Stardust et Chapeau Melon & Bottes de Cuir. Arthur Lee nous a quitté durant l'été 2006 mais son esprit est toujours aussi présent. Le rideau peut se fermer. Love est un grand groupe. "Mais le destin veille sur les génies absurdes.

Depuis une décennie, une meute de fans concernés associés à une doxa de critiques ont passé le mot, via Internet, faisant remonter l’improbable ovni du néant pour envahir les habituels classements genre Gross Diskotheke. C’est à ces gens que Love doit sa seconde chance. Rhino Records, avant le démantèlement, a eu le temps de ressortir le disque [Forever Changes, ndlr], ultime clin d’œil de Harold Bronson.(…)Il n’empêche, l’époque doit aller drôlement bien pour plébisciter Love…"
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Messagepar nodread » Mardi 26 Août 2008 23:14

je viens de le recevoir en vynil 8)

et pour ceux que ca interesse, il y a les autres albums en vynil actuellement au furet du nord
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