Musique : Tri Yann - La découverte ou l'ignorance

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Musique : Tri Yann - La découverte ou l'ignorance

Messagepar nodread » Jeudi 15 Mai 2008 19:23

TRI YANN - LA DECOUVERTE OU L'IGNORANCE

La découverte ou l'ignorance est l'album qui fera sortir les Tri Yann de la Bretagne, l'album sera rapidement consacré disque d'or et marque le tournant le plus important dans la musique du groupe. Sur cet album, les instruments traditionnels viennent s'enticher de nouveaux compagnons plus modernes.

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Jean Chocun se met de son coté à la guitare électrique alors que Bernard Baudriller viendra partager avec lui le rôle de bassiste. Le groupe accueillera également temporairement Jo Pucheu à la batterie, qui sera plus tard remplacé par Jerôme Gasmi sur scène.

Au niveau musical, celà se traduit par une modernisation évidente du registre celtique duquel les Tri Yann sont désormais coutumiers. La musique se veut un peu moins dansante, pour se découvrir de légères affinités pop voir rock. On ne parle pas encore de progressif, mais quelques influences se font déjà sentir sur certains titres. Le tout est plus cohérent que précédemment, plus facile d'accès également, à l'image du titre Pelot d'Hennebont sur Suite Gallaise.

Ce qui fera certainement le succès de ce disque, c'est la richesse des instruments, Tri Yann a su parfaitement moderniser la musique celtique sur cet album en peaufinant des arrangements au milimètre près, le son de cet album a quelque chose d'intemporel, qui fait que contrairement aux précédents, et à d'autres qui suivront, cet album ne vieillit pas.

La meilleur preuve est sûrement le titre le plus connu à ce jour de Tri yann, "La Jument de michao" (célèbre pour son refrain "J'entends le loup, le renard et la belette...") C'est un an dro, la danse bretonne la plus immédiate qui fait des merveilles lorsqu'elle est adaptée à un style direct comme le rock. Un violon entrainant, un rythme fort et un trio guitare électrique/basse/biniou percutant enchainé avec un chant direct (du Kan a diskan avec du tuilage, classique mais efficace, cf. chronique de An Naoned) Le "tube" a réellement fait ses preuves et si vous n'y succombez pas, Tri yann n'est définitivement pas un groupe fait pour vous.

Les Tri yann s'éssaient également à la composition pour la première fois sur "Dérobée de guigamp" par exemple (ndc: dixit Jean Chocun lui-même, le thème est tout de même traditionnel), mais dans la continuité rock celtique de "La Jument de Michao". Les autres compositions comme "la botte d'aspèrge" ou "Le grand Valet" sont plus dans la mouvance traditionnelle des albums précédents.

Le reste de l'album est plus posé, à l'image d'un "Kiss the children for me mary", où c'est le couple chant/cromorne qui reprend ses droits, bien que quelques arpèges de guitare viennent supporter le tout. Il faudra attendre Urba pour réellement avoir le droit à un album énergique, et c'est un peu ce que je reprocherai à "La découverte ou l'ignorance" malgré toutes les qualités d'innovation dont le groupe fait preuve ici.

Deux moments forts, les titres "Mrs Mac Dermott" et surtout "La découverte ou l'ignorance", où la guitare acoustique est reine, grâce à des arpèges prenantes et des accompagnements très bien sentis encore une fois. Sur le dernier titre de l'album, la musique est accompagnée d'un texte de Morvan Lebesque. Le titre n'est pas chanté mais juste récité. Celui-ci nous explique que la Bretagne n'existe que parceque des hommes se reconnaissent bretons, mettant forcément à mal les concepts administratifs ou géographiques de toutes les instances nationalistes existantes. Un texte très fort qui clôt l'album en beauté (sous réserve qu'on ne l'interprète pas de travers, il est bien ici question de revendiquer une identité culturelle et non de nationalisme)

Pas encore le meilleur album du groupe, "La découverte ou l'ignorance" se dote tout de même de très beaux atouts pour convaincre les plus sceptiques, c'est d'ailleurs l'album qui aura eu le plus de succès. Le groupe entame ici sa meilleure période à ce jour. Il lui manque peut-être encore cette petite touche progressive qui apparaitra plus clairement sur les albums suivants. Malheureusement, tous les albums de Tri Yann ne sont plus disponibles à la vente aujourd'hui, "La découverte ou l'ignorance" risque donc d'être un choix "par défaut" pour nombre d'entre vous qui souhaitent découvrir le groupe. Oui, ils ont fait mieux, mais promis: c'est un très bon album.

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Tracklisting :

1. Princes Qu'En Mains Tenez
2. Complainte Gallaise
3. La Botte D'Asperges
4. Kiss The Children For Me Mary
5. La Jument De Michao
6. Mrs Mac Dermott
7. La Levee Des 300.000 Hommes
8. Le Mariage Insolite De Marie La Bretonne
9. Derobee De Guingamp
10. Quand La Bergere
11. Le Grand Valet
12. La Decouverte Ou L'Ignorance




"La découverte ou l'ignorance" - D'où vient ce texte?

La célèbre chanson des Tri Yann, "La découverte ou l'ignorance" provient d'un texte écrit par le journaliste Morvan Lebesque dans son livre "Comment peut-on être breton / essai sur la démocratie française".

Voici le détail des paroles:

Le breton est-il ma langue maternelle ?
Non : je suis né à Nantes où on ne le parle pas. (...)
Suis-je même breton ?
Vraiment, je le crois et m'en expliquerai.
Mais de "pure race", qu'en sais-je et qu'importe ?
- Vous n'êtes donc pas raciste ?
- Ne m'insultez pas.
- Séparatiste ? Autonomiste ? Régionaliste ?
- Tout celà, rien de celà. Au-delà.
- Mais alors, nous ne nous comprenons plus.
Qu'appelez-vous breton ? Et d'abord, pourquoi l'être ?
Question nullement absurde. Français d'état-civil, je suis nommé français,
j'assume à chaque instant ma situation de Français ;
mon appartenance à la Bretagne n'est en revanche qu'une qualité facultative
que je puis parfaitement renié ou méconnaître.
Je l'ai d'ailleurs fait. j'ai longtemps ignoré que j'étais breton.
Je l'ai par moment oublié ?
Français sans problème, il me faut donc vivre la Bretagne en surplus
ou, pour mieux dire, en conscience :
si je perd cette conscience, la Bretagne cesse d'être en moi;
si tous les Bretons la perdent, elle cesse absolument d'être.
La Bretagne n'a pas de papiers.
Elle n'existe que dans la mesure où, à chaque génération,
des hommes se reconnaissent bretons.
À cette heure, des enfants naissent en Bretagne.
Seront-ils bretons ? Nul ne le sait.
À chacun, l'âge venu, la découverte ou l'ignorance.

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Tri yann - Biographie :

Né en pleine euphorie post-soixante-huitarde, Tri Yann est certainement l’un des groupes de musique bretonne qu’on retiendra, malgré une carrière qui a connu des hauts et des bas. En essayant un peu tout ce qui s’offrait aux musiciens français des années 70, ils se sont souvent trompés, mais ils sont loin d’être les seuls. Leurs concerts festifs et fédérateurs les ont toujours sauvés aux yeux du public, même aux moments où leur inspiration était au plus bas…

Au départ, Tri Yann est un quatuor amateur qui compte « trois Jean » : Jean-Louis Jossic, Jean-Paul Corbineau et Jean Chocun. Après un premier album bricolé en 1972, qui contient le célèbre « Dans Les Prisons De Nantes », ils se professionnalisent et enregistrent « 10 ans, 10 filles » (1973), puis l’excellent « Suite Gallaise » (1974). A cette époque, leur musique est assez folk et leurs arrangements – misant sur la guitare sèche, le violoncelle et les instruments traditionnels – de bon goût. « Cad E Sin Don Te Sin », traditionnel gaélique, « Pelot d’Hennebon », savoureux morceau antimilitariste et « Complainte de la blanche biche », chanson du 17ème siècle recueillie par Paul Eluard dans « La Poésie du Passé », font alors partie de leurs meilleurs morceaux.

Cédant à la tentation électrique, le groupe s’élargit et enregistre en 1976 « La Découverte Ou L’Ignorance », un de ses albums les plus connus. Le disque contient en effet les aventures du loup, du renard et de la belette, narrées dans « La Jument de Michao ». Il voit également Tri Yann se lancer dans des tentatives musicales plus ambitieuses, proches du rock progressif (ou du folk progressif…). Dans ce genre, on citera une bonne chanson, « La levée des 300 000 hommes » et le morceau-titre, sorte de préchi-précha identitaire assez déplaisant pour les simples amateurs de musique…

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« Urba » (1978) continue dans ce sens. Les musiciens se rapprochent de l’esprit d’Ange ou de Malicorne, avec « An distro euz a vo zaoz » ou « L’aimante à la grand’messe ». Mais c’est leur album suivant, « Le soleil est vert » (1981), qui marque véritablement l’aboutissement de leurs ambitions. Avec une longue suite occupant la totalité de la face B, « An héol a zo glaz », le trio mêle de façon originale la musique traditionnelle et le rock. L’album contient aussi des chansons plus efficaces, devenues des classiques de la musique bretonne, comme l’an dro « Guerre, Guerre, Vente, Vent » ou la ballade « Si mort a mors ». Malheureusement, le punk est passé par là, les années 80 arrivent à grand pas, et le disque frappe complètement à côté de son époque.

Pour retrouver leur succès, ils vont donc devoir revenir à une formule plus commerciale. Misant comme beaucoup sur l’évolution technologique, ils vont multiplier les morceaux dansants, à grands renforts de synthétiseurs. L’album « Café du bon coin » (1983) ou le live « Aniverscène » (1985) sont des témoignages, assez médiocres, de cette évolution. En désaccord avec l’évolution du groupe, Bernard Baudriller (le seul membre fondateur qui ne s’appelait pas Jean) démissionne…

Une petite pause s’avère nécessaire et Tri Yann s’attelle à une nouvelle œuvre ambitieuse : « Le Vaisseau De Pierre », sorte d’opéra-folk inspiré de la célèbre BD de Bilal et Christin. Paru en 1988, l’album n’a malheureusement aucune des qualités du « Soleil Est Vert ». A la fois pompeux et daté, il se rapproche souvent d’une variété de bas étage, plus proche de Gold que d’Alan Stivell (« Les Guerriers D’Une Nuit », « Les Lambeaux De L’Enfance »…). Néanmoins, grâce à une scénographie spectaculaire, les musiciens retrouvent un public.

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Dès lors, leurs albums vont hésiter entre ce style « Chant de France » (particulièrement présent sur « Belle et Rebelle », 1990), les chansons bretonnes engagées (comme « Dansons La Listériose », en 2001), les traditionnels plus dansants (« Le reel de Louis-Marie », 1993 ou « Goulven Salaün », 1995) et les inévitables grands projets ambitieux. A ce chapitre, on citera leur combat pour la réhabilitation de Guillaume Seznec, victime d’une célèbre erreur judiciaire. Sur l’album « Portraits » (1995), les descendants (et les autres) ont eu droit à une nouvelle suite interminable, avec lecture des lettres envoyées de Cayenne par le condamné…

C’est sur scène que Tri Yann – une grosse machine maintenant – montre son plus grand intérêt, notamment grâce à ce showman qu’est Jean-Louis Jossic. Détail amusant : en 1998, alors qu’Alan Stivell les poursuivait pour plagiat, le groupe n’a pas hésité à collaborer avec Manau, un duo de rap qui soulevait à l’époque bien des polémiques dans les festou-noz. Une manière de prouver que ces vétérans ne sont pas sectaires pour autant.


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Discographie :

Voici la liste de tous les albums de Tri Yann, groupe breton né en 1970 comprenant Jean Chocun, Jean-Paul Corbineau et Jean-Louis Jossic, les 3 fondateurs.

Tri Yann an Naoned - 1972
Dix ans, Dix filles - 1973
Suite Gallaise - 1974
La Découverte ou l'Ignorance - 1976
Urba - 1978
Le Soleil est vert - 1981
Le café du bon coin - 1983
Anniverscène [ concert ] - 1985
Le vaisseau de Pierre - 1988
Belle et Rebelle - 1990
Inventaire volume 1 [ compilation ] - 1994
Portraits - 1995
Inventaire volume 2 [ compil ] - 1995
Tri Yann en concert [ concert ] - 1996
Le meilleur de Tri Yann volume 1 [ compil ] - 1996
Tri Yann en concert avec l'orchestre des Pays de la Loire [ concert, inutile de le préciser ] - 1998
La veillée du 3ème millénaire - 1998
Trilogie - 1998
Le meilleur de Tri Yann volume 2 [ compil ] - 1998
L'essenciel en concert [ concert ] - 1999
Ar gwellan gant ( la legende ) [ compil ] - 1999
Le Pélegrin - 2001
30 ans au Zénith [ concert, encore ] - 2001
Marines - 2004
Talents du siècle - 2004



Sources : fp.nightfall, edoll, amazon, fnac...
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