Le discour du président ... Qu'est ce qu'il y a dedans ?
Publié : Vendredi 30 Novembre 2007 14:53
Une leçon de communication
Il nous l’avait annoncé, il a tenu parole, Nicolas Sarkozy est donc intervenu à la télévision pour présenter ses mesures concernant le pouvoir d’achat. Dans cet article j’aimerai faire une interprétation à chaud de ce discours. Je me suis amusé à répertorier les mots qu’il a utilisé le plus souvent et à les compter. Je vais vous présenter dans un premier temps les mots qu’il a le plus prononcé pour ensuite vous montrer les différentes figures d’emphase employées, je finirai par quelques remarques générales sur ce discours et ce qu’il nous apprend de la conception qu’a Nicolas Sarkozy de sa fonction.
Les mots que l’on retrouve le plus régulièrement n’ont rien de surprenant. Utilisé 22 fois en 45 minutes, le mot « travail » arrive en tête. Il l’a dit, il veut « réhabiliter le travail » (5) pour redonner du « pouvoir d’achat » (16). Le but principal de cette intervention étant la présentation de mesures sur ce thème, il n’est donc pas surprenant, que le terme « pouvoir d’achat » apparaisse si fréquemment.
La première partie de l’interview a été centrée sur l’actualité, ce qui explique notamment que l’on retrouve parmi les termes les plus cités celui de « policiers » (qui avec le mot « police » et « forces de l’ordre » représente 25 termes), de « fonctionnaire » (10, plus 5 occurrences au terme « fonction publique ») et de « partenaires sociaux » (9).
Par la suite, il a présenté ses mesures. La plupart tournent autour de l’idée de « négociation » (8), entre l’« entreprise » (13) et les « salariés » (8). Ces négociations doivent se conclure par des « accords » (11) pouvant mettre fin aux « 35 heures » (9) en échange de compensation salariales ou plus simplement aboutir à un rachat de « RTT » (6).
D’un point de vue rhétorique, Nicolas Sarkozy a compris « qu’enseigner c’est rabâcher ». Il utilise beaucoup de procédés rhétoriques d’instances, telles les répétitions ou allitérations : retenons ces trois exemples : « A essayer d’expliquer l’inexplicable on s’apprête à excuser l’inexcusable », « laissant les trafiquants trafiquer », « on ne peut l’accepter, je ne l’accepte pas ».
On sent que ce discours a été travaillé par le simple fait qu’il y a une réelle cohérence entre le message délivré et le vocabulaire employé. A titre d’exemple, il a annoncé vouloir se pencher vers le droit des victimes (« les droits de l’homme auxquels je pense sont les droits des victimes »). Ainsi quand il parle des « victimes » (5) il utilise des termes tels que « courageux », « exemplaire de sang-froid », « remarquable », « extraordinaire ». Alors que pour lui les « voyous » (5) - qui semble être le mot policé pour dire racailles - sont tous des « trafiquants » (7). La répétition de ce mot « trafiquant » concentré au début du discours est assez surprenante. Ils sont « déstructurés », « récidivistes » (4) et « prêts à tout » même à « tirer » (11) c’est pourquoi qu’ils soient « mineurs » ou non ils doivent passer en « Cour d’assise ».
Dans ce discours, Nicolas Sarkozy a montré ce qu’il pensait de sa mission de président de la République. On n’en doutait pas, mais, les mots le confirment, il a une vision très personnifiée du pouvoir. J’ai compté un peu moins d’une centaine d’utilisation du pronom « je » contre à peine une dizaine de « on » et de « nous », ainsi que huit utilisation du « moi » (2 « moi-même » et 3 « moi, je »). Certes il affirme qu’avec les « ministres » (6) et le « Premier ministre » (4), ils forment « une équipe ». Mais il s’engage en première ligne. Affirmant que pour lui le chef n’est pas derrière, mais devant son équipe, il a utilisé beaucoup de formule telle que « j’ai été élu pour... » (4). Les verbes qu’il utilise le plus fréquemment sont « faire » (env. 20) ou « conduire » (6), ce qui montre qu’il est aux commandes, il entend rendre des comptes aux Français et s’engage en son nom. Ceci est visible par la présence de nombreux éléments de son programme, on retrouve par exemple la formule « travailler plus pour gagner plus » à trois reprises, le mot « plus » apparaissant d’ailleurs 9 fois au total. Il veut arriver au « plein emploi » (4) en accompagnant ceux qui veulent « s’en sortir » (8), il s’y engage devant « les Français », terme que l’on retrouve à 19 reprises.
On peut dire qu’on a assisté à un cours de communication politique, deux erreurs sont pourtant relevables dans cet exposé. Pour quelqu’un qui entend lutter contre « la pensée unique » (2) et la « pensée convenue », il a fait des erreurs bien habituelles dans le discours politique. La première est sans conséquence elle prête juste à sourire, il a parlé de Smig qui a pourtant été remplacé par le Smic il y a 37 ans... La seconde est plus regrettable car bien trop habituelle, il a justifié sa politique d’ « immigration choisie » par la situation en banlieue, un amalgame pour l’instant non-relevé par les médias, mais ça ne saurait tarder...
http://www.agoravox.fr
Il nous l’avait annoncé, il a tenu parole, Nicolas Sarkozy est donc intervenu à la télévision pour présenter ses mesures concernant le pouvoir d’achat. Dans cet article j’aimerai faire une interprétation à chaud de ce discours. Je me suis amusé à répertorier les mots qu’il a utilisé le plus souvent et à les compter. Je vais vous présenter dans un premier temps les mots qu’il a le plus prononcé pour ensuite vous montrer les différentes figures d’emphase employées, je finirai par quelques remarques générales sur ce discours et ce qu’il nous apprend de la conception qu’a Nicolas Sarkozy de sa fonction.
Les mots que l’on retrouve le plus régulièrement n’ont rien de surprenant. Utilisé 22 fois en 45 minutes, le mot « travail » arrive en tête. Il l’a dit, il veut « réhabiliter le travail » (5) pour redonner du « pouvoir d’achat » (16). Le but principal de cette intervention étant la présentation de mesures sur ce thème, il n’est donc pas surprenant, que le terme « pouvoir d’achat » apparaisse si fréquemment.
La première partie de l’interview a été centrée sur l’actualité, ce qui explique notamment que l’on retrouve parmi les termes les plus cités celui de « policiers » (qui avec le mot « police » et « forces de l’ordre » représente 25 termes), de « fonctionnaire » (10, plus 5 occurrences au terme « fonction publique ») et de « partenaires sociaux » (9).
Par la suite, il a présenté ses mesures. La plupart tournent autour de l’idée de « négociation » (8), entre l’« entreprise » (13) et les « salariés » (8). Ces négociations doivent se conclure par des « accords » (11) pouvant mettre fin aux « 35 heures » (9) en échange de compensation salariales ou plus simplement aboutir à un rachat de « RTT » (6).
D’un point de vue rhétorique, Nicolas Sarkozy a compris « qu’enseigner c’est rabâcher ». Il utilise beaucoup de procédés rhétoriques d’instances, telles les répétitions ou allitérations : retenons ces trois exemples : « A essayer d’expliquer l’inexplicable on s’apprête à excuser l’inexcusable », « laissant les trafiquants trafiquer », « on ne peut l’accepter, je ne l’accepte pas ».
On sent que ce discours a été travaillé par le simple fait qu’il y a une réelle cohérence entre le message délivré et le vocabulaire employé. A titre d’exemple, il a annoncé vouloir se pencher vers le droit des victimes (« les droits de l’homme auxquels je pense sont les droits des victimes »). Ainsi quand il parle des « victimes » (5) il utilise des termes tels que « courageux », « exemplaire de sang-froid », « remarquable », « extraordinaire ». Alors que pour lui les « voyous » (5) - qui semble être le mot policé pour dire racailles - sont tous des « trafiquants » (7). La répétition de ce mot « trafiquant » concentré au début du discours est assez surprenante. Ils sont « déstructurés », « récidivistes » (4) et « prêts à tout » même à « tirer » (11) c’est pourquoi qu’ils soient « mineurs » ou non ils doivent passer en « Cour d’assise ».
Dans ce discours, Nicolas Sarkozy a montré ce qu’il pensait de sa mission de président de la République. On n’en doutait pas, mais, les mots le confirment, il a une vision très personnifiée du pouvoir. J’ai compté un peu moins d’une centaine d’utilisation du pronom « je » contre à peine une dizaine de « on » et de « nous », ainsi que huit utilisation du « moi » (2 « moi-même » et 3 « moi, je »). Certes il affirme qu’avec les « ministres » (6) et le « Premier ministre » (4), ils forment « une équipe ». Mais il s’engage en première ligne. Affirmant que pour lui le chef n’est pas derrière, mais devant son équipe, il a utilisé beaucoup de formule telle que « j’ai été élu pour... » (4). Les verbes qu’il utilise le plus fréquemment sont « faire » (env. 20) ou « conduire » (6), ce qui montre qu’il est aux commandes, il entend rendre des comptes aux Français et s’engage en son nom. Ceci est visible par la présence de nombreux éléments de son programme, on retrouve par exemple la formule « travailler plus pour gagner plus » à trois reprises, le mot « plus » apparaissant d’ailleurs 9 fois au total. Il veut arriver au « plein emploi » (4) en accompagnant ceux qui veulent « s’en sortir » (8), il s’y engage devant « les Français », terme que l’on retrouve à 19 reprises.
On peut dire qu’on a assisté à un cours de communication politique, deux erreurs sont pourtant relevables dans cet exposé. Pour quelqu’un qui entend lutter contre « la pensée unique » (2) et la « pensée convenue », il a fait des erreurs bien habituelles dans le discours politique. La première est sans conséquence elle prête juste à sourire, il a parlé de Smig qui a pourtant été remplacé par le Smic il y a 37 ans... La seconde est plus regrettable car bien trop habituelle, il a justifié sa politique d’ « immigration choisie » par la situation en banlieue, un amalgame pour l’instant non-relevé par les médias, mais ça ne saurait tarder...
http://www.agoravox.fr