Stratégie NLHE Cashgame limite basse : Postflop I
Publié : Lundi 13 Août 2007 15:52
Small Stakes NLHE Ring Strategy: Postflop I
ANNEXE AUX ADAPTATIONS PREFLOP QU’IL VOUS FAUT METTRE EN PLACE
Faire face à des sur-relances – Lorsque vous êtes relancé par un bon joueur qui a la position sur vous, c'est clairement gênant, et vous aurez à coucher la plupart de vos mains si la relance est importante – comme AJ/AQ/KQ et autres mains plus faibles.
Très souvent, il est même normal de coucher même AK. Une part importante de l’éventail des mains de relances de faibles joueurs inclut AA et KK, et si vous suivez alors vous êtes derrière cet éventail en règle générale. En plus vous raterez très probablement le flop et vous ne pourrez exploiter pleinement votre AK en voyant la turn et la river. AK est une main forte, mais en cashgame c’est généralement un fold obligé face à une sur-relance si vous n’avez pas la position après le flop. Si vous pensez battre au moins 50 ou 60% de l’éventail de mains de sur-relance de votre relanceur, alors vous devriez suivre avec AK et même parfois le sur-relancer.
Lorsque vous êtes sur-relancé par un joueur alors que vous avez AA ou KK en main, alors vous devez choisir : c’est l’une des rares situations en NLHE où les deux choix sont EV+ (une espérance de gain positive). C’est à vous de voir. Si vous pensez qu’il vous suivra assez souvent en partant derrière, alors a meilleure façon de jouer le coup est très souvent de faire tapis. S’il est short-stack (petit tapis), soyez plus tenté pour faire tapis. Si la sur-relance est suvie par quelqu’un d’autre avant de revenir à vous, vous devez habituellement faire tapis. Si vous faites face à un fort joueur qui se couchera avec tout sauf AA et KK si vous faites tapis, alors vous devriez juste suivre sa sur-relance et tenter de prendre un peu plus d’argent sur le flop. Rappelez-vous pourtant qu’il vous faut toujours essayer de voir le flop juste en heads-up avec vos grosses paires.
(As far as the other hands to call reraises with, this leads to… Pas trop pigé ce qu'il voulait dire là).
Faire face à une sur-relance et l’effet entraîné sur les côtes implicites - Imaginons que vous ouvrez le pot pour 7$ avec Q2s à partir du bouton. Il vous reste un stack de 200$. Un joueur que vous cataloguez comme très serré vous sur-relance à 14 de la BB. Il lui reste un stack de 200$, et vous le mettez à coup sûr sur AA ou KK. Après sa relance, il lui reste 184$, et vous devez mettre 7$ pour suivre et avoir une chance de le battre. Vous avez des côtes implicites potentielles de 26:1, et avez votre avantage positionnel après le flop, vous avez à suivre presque obligatoirement avec votre poubelle. RAPPELEZ-VOUS : les 7$ investis initialement ne comptent plus. Ne réfléchissez pas comme si vous deviez suivre pour 14$, car ce n’est pas le cas. La mise de 7$ avait sa propre EV bien distincte, et maintenant vous faites face à une nouvelle décision sur une nouvelle EV. La grossière erreur de votre adversaire, en relançant au minimum avec AA vous donne une occasion de réaliser un profit. S’il avait sur-relancé à 22$ au lieu de 14$, alors vous n’auriez même pas eu à réfléchir et vous auriez du vous coucher.
Si vous avez une pocket paire et êtes sur-relancé, alors vous auriez un peu plus de marge pour suivre que vous n’en aviez dans l’exemple avec Q2s. Si vous aviez 77 dans l’exemple précédent et que votre adversaire vous avait relancé à 21$ sur votre mise initiale de 7$, alors vous devriez mettre 14$ pour suivre et potentiellement remporter 179$, ce qui correspond à une côte implicite de 12:1. Souvenez-vous, nous n’avions pas dit que la règle était de 15:1 ? Ici cependant, le nombre de 15 peut être réduit de façon significative si vous êtes pratiquement certain qu’il a un monstre comme AA en main. Ce concept est pompé du livre de Sklansky et Miller : NLHE – Theory and Practive.
« Plus votre lecture de la main de votre adversaire est bonne, plus il a besoin de miser pour éviter de vous donner des côtes implicites. »
En gros, puisque vous savez qu’il a AA, vous savez aussi que vous pouvez lui prendre son tapis plus facilement si vous touchez votre set, et que vous pouvez même vous permettre de tabler sur des côtes implicites de 10:1, et donc il vous faut suivre.
________________________________________
STRATEGIE POSTFLOP I
Je me sens un peu gêné d’écrire un truc sur une stratégie postflop puisque en tant que joueur relativement nouveau, je continue à faire à des situations difficiles où je ne sais pas quelle est la meilleure façon de jouer le coup. Cela dit, j’ai pu voir assez de ces parties en full ring (9/10 joueurs) pour pouvoir au moins donner mon avis à propos de ce qu’il est bon de faire dans certains cas, et espérer qu’à la fin de post, je souleverai quelques discussions qui nous ferons sans doute tous progresser.
La présentation que j’ai décidé d’adopter ici est, je l’espère, plutôt facile à suivre. Je vais d’abord mentionner quelques concepts postflop récurrents qui permettront de mieux comprendre la suite. Je m’attarderai ensuite sur des situations spécifiques fréquentes auxquelles vous finirez par devoir faire face. Je reprendrai ensuite ces situations décrites et les réviserai en fonction de 4 scénarios différents : heads-up en position, heads-up hors position, multiway en position, et multiway hors position.
CONCEPTS COMMUNS
Avant tout, il vous faut absolument connaitre quelques concepts importants. Faites une recherche sur le forum de Pokeralille ou de Club Poker à propos des concepts suivants avant de lire ce guide :
Fold equity : apprenez ce qu’est la fold equity et à reconnaitre les situations où elle se présente. Comprendre ce concept est un élément clé du jeu agressif en position.
Expected value : apprenez comment calculer les situations à EV. Cela peut vous paraitre un peu compliqué, mais si vous lisez Theory of Poker, Harrington on Holdem, ou encore des sujets dédiés sur des forums spécialisés, alors vous pourrez rapidement maîtriser ce concept. Mon ami Skwat20 (Nico) a d’ailleurs me semble-t-il consacré un article sur l’EV sur notre forum.
Les côtes du pot : vous devez êtres capable de calculter les côtes du pot d’un coup d’œil, afin de pouvoir jouer vos tirages et afin de bluffer ou de suivre des bluffs. Une fois encore, vous trouverez dans les livres mentionnés ou dans les forums consacrés au poker, de quoi comprendre ce concept.
Ce va suivre est une collection de divers et importants concepts de cash-game. C’est probablement la partie la plus importante des trois articles prévus. Lisez et relisez le, et mettez en pratique chacun de ces concepts avec attention. Vous partirez alors avec un gros avantage dans les parties de cash-game aux faibles enjeux.
Force relative d’une main – la force d’une main n’est pas absolue. Une couleur n’est pas toujours une bonne main. Une top paire/top kicker est parfois un monstre. Cela dépend des circonstances que voici : la texture du board, l’action preflop, le nombre de joueur dans le coup, et bien entendu, l’éventail de mains sur lesquelles vous mettez vos adversaires.
Voici un exemple. Vous relancez en EP avec AA et êtes suivi par 4 (!) joueurs. Le flop est TJQ avec deux carreaux. Vous n’avez alors pas une très forte main, et vous devriez peut-être checker le flop et voir ce qui va se passer.
Changeons cela. Vous relancez en EP avec AA et tout le monde folde jusqu’à la petite blind, un joueur assez serré, qui vous sur-relance à 3 fois votre relance. Vous vous contentez de suivre et le flop est 367 rainbow. Vous avez alors un monstre. Vous devriez presque jouer cette main comme les nuts, car l’éventail de mains de sur-relance de votre adversaire n’a probablement pas touché ce flop, et vous aviez les nuts preflop.
Un autre exemple. Vous limpez au bouton avec Td-8d (assortis en carreau) après trois limpers et le board affiche après la river 3d 6d Ks 2c 9d vous donnant une couleur. Vous avez alors une très forte main.
Changeons cela à nouveau. Un joueur relance en EP et deux gros stacks le suivent, vous decidez de suivre derrière au bouton avec Td-8d. Le board après la river affiche Kd Ks Jd 2c 4d, vous donnant là aussi votre couleur. Les actions au flop et à la turn ont été les suivantes : le relanceur preflop a misé ½ pot sur le flop et vous et un autre joueur avez suivi. A la turn, le relanceur initial a encore misé ½ pot et vous avez suivi toujours en compagnie du même joueur en milieu table. A la river, il y a encore pas mal d’argent dans les stacks et vous faites à nouveau face à une mise de ½ pot. En considérant les tapis restants, il y a encore beaucoup d’argent qui peut arriver dans le pot. Vous n’avez ici pas une très forte main. Un pot relancé avec plusieurs joueurs dans le coup avec une paire de rois au board veut dire que votre couleur est probablement battue. Vous n’auriez pas du continuer à jouer cette couleur depuis le début du coup au flop.
Disons maintenant que le board affiche Kd Ks Jd Jc 4d. Votre main est évidement extrêmement faible maintenant, car quiconque ayant touché le flop devrait vous avoir battu. La seule main possible que vous battez alors serait AA. Analysez toujours la force relative de votre main avant de miser ou de suivre une mise. Vous serez très souvent surpris de voir comment ce travail d’analyse vous permettra de coucher de fortes mains comme des brelans sans même vraiment y hésiter à deux fois.
Force relative des tirages – le même point de vue s’applique au tirages. Vous devriez être moins enclin à poursuivre avec un tirage couleur sur un board qui a doublé, surtout si les cartes doublées sont de grosses cartes comme les dix ou les dames. Vous ne devriez pas toujours supposer que vous êtes « drawing dead » contre un full house lorsque le board double, mais vous devez être conscient que cela fait perdre de la valeur à votre tirage. C’est pareil pour les tirages quinte sur un board qui double, et soyez même encore plus prudent avec un tirage quinte sur un board mono couleur. Ne suivez pas de grosses mises au flop avec un tirage quinte par les deux bouts à moins que ce ne soit un board rainbow, et que vous puissiez au moins être assuré d’être devant si vous touchez.
Jouer contre des joueurs loose – ne bluffez pas à moins d’avoir au moins 6 outs. Lorsque vous touchez une forte main (top paire avec bon kicker sur un board tranquille, ou mieux encore) alors faites un value bet à chaque étape (flop, turn, river). Si le joueur loose est aggressif, optez pour un mélange de check-raise et de check-call sur à la river (quand ces joueurs aiment bluffer sur la river). Essayez de diminuer le montant de vos continuation bet face à ces joueurs, car ils suivront avec n’importe quoi. Lorsque vous touchez une bonne main, MISEZ ! Inutile de slowplayer une grosse main contre ces joueurs car ils suivront avec n’importe quoi.
Jouer contre des joueurs serrés – bluffez ces joueurs quand vous avez des outs et qu’ils ont montré de la faiblesse. Faites presque toujours un continuation bet contre eux. Quand vous êtes presque sûr d’être devant au flop, optez pour un check-raise à la turn la plupart du temps. Ce sont parfois des joueurs aggressifs, et lorsque vous checkerez la turn après avoir raté le flop, ils essayeront de vous voler le pot. Exploitez cela en checkant la turn avec de fortes mains. Certains sont tellement aggressifs que vous pouvez check-raiser la river avec les nuts et gagner encore un peu plus qu’en jouant autrement.
Les continuation bets – un standard quand vous avez relancé preflop et que vous vous retrouvez en heads-up sur le flop. L’idée est de faire une mise assez grosse (2/3 du pot assez fréquemment) avec l’intention de faire coucher votre adversaire ou de le voir juste suivre, vous laissant la possibilité de toucher votre paire à la turn. Si cela marche dans 40% des cas, alors l’espérance de gain de cette mise est positive (EV+). Il n’existe pas de règles écrites pour savoir quand faire ce continuation bet, mais voici ma ligne directrice :
Bonne lecture et bonne chance...
Pierrot
ps : l'article original est ici
ANNEXE AUX ADAPTATIONS PREFLOP QU’IL VOUS FAUT METTRE EN PLACE
Faire face à des sur-relances – Lorsque vous êtes relancé par un bon joueur qui a la position sur vous, c'est clairement gênant, et vous aurez à coucher la plupart de vos mains si la relance est importante – comme AJ/AQ/KQ et autres mains plus faibles.
Très souvent, il est même normal de coucher même AK. Une part importante de l’éventail des mains de relances de faibles joueurs inclut AA et KK, et si vous suivez alors vous êtes derrière cet éventail en règle générale. En plus vous raterez très probablement le flop et vous ne pourrez exploiter pleinement votre AK en voyant la turn et la river. AK est une main forte, mais en cashgame c’est généralement un fold obligé face à une sur-relance si vous n’avez pas la position après le flop. Si vous pensez battre au moins 50 ou 60% de l’éventail de mains de sur-relance de votre relanceur, alors vous devriez suivre avec AK et même parfois le sur-relancer.
Lorsque vous êtes sur-relancé par un joueur alors que vous avez AA ou KK en main, alors vous devez choisir : c’est l’une des rares situations en NLHE où les deux choix sont EV+ (une espérance de gain positive). C’est à vous de voir. Si vous pensez qu’il vous suivra assez souvent en partant derrière, alors a meilleure façon de jouer le coup est très souvent de faire tapis. S’il est short-stack (petit tapis), soyez plus tenté pour faire tapis. Si la sur-relance est suvie par quelqu’un d’autre avant de revenir à vous, vous devez habituellement faire tapis. Si vous faites face à un fort joueur qui se couchera avec tout sauf AA et KK si vous faites tapis, alors vous devriez juste suivre sa sur-relance et tenter de prendre un peu plus d’argent sur le flop. Rappelez-vous pourtant qu’il vous faut toujours essayer de voir le flop juste en heads-up avec vos grosses paires.
(As far as the other hands to call reraises with, this leads to… Pas trop pigé ce qu'il voulait dire là).
Faire face à une sur-relance et l’effet entraîné sur les côtes implicites - Imaginons que vous ouvrez le pot pour 7$ avec Q2s à partir du bouton. Il vous reste un stack de 200$. Un joueur que vous cataloguez comme très serré vous sur-relance à 14 de la BB. Il lui reste un stack de 200$, et vous le mettez à coup sûr sur AA ou KK. Après sa relance, il lui reste 184$, et vous devez mettre 7$ pour suivre et avoir une chance de le battre. Vous avez des côtes implicites potentielles de 26:1, et avez votre avantage positionnel après le flop, vous avez à suivre presque obligatoirement avec votre poubelle. RAPPELEZ-VOUS : les 7$ investis initialement ne comptent plus. Ne réfléchissez pas comme si vous deviez suivre pour 14$, car ce n’est pas le cas. La mise de 7$ avait sa propre EV bien distincte, et maintenant vous faites face à une nouvelle décision sur une nouvelle EV. La grossière erreur de votre adversaire, en relançant au minimum avec AA vous donne une occasion de réaliser un profit. S’il avait sur-relancé à 22$ au lieu de 14$, alors vous n’auriez même pas eu à réfléchir et vous auriez du vous coucher.
Si vous avez une pocket paire et êtes sur-relancé, alors vous auriez un peu plus de marge pour suivre que vous n’en aviez dans l’exemple avec Q2s. Si vous aviez 77 dans l’exemple précédent et que votre adversaire vous avait relancé à 21$ sur votre mise initiale de 7$, alors vous devriez mettre 14$ pour suivre et potentiellement remporter 179$, ce qui correspond à une côte implicite de 12:1. Souvenez-vous, nous n’avions pas dit que la règle était de 15:1 ? Ici cependant, le nombre de 15 peut être réduit de façon significative si vous êtes pratiquement certain qu’il a un monstre comme AA en main. Ce concept est pompé du livre de Sklansky et Miller : NLHE – Theory and Practive.
« Plus votre lecture de la main de votre adversaire est bonne, plus il a besoin de miser pour éviter de vous donner des côtes implicites. »
En gros, puisque vous savez qu’il a AA, vous savez aussi que vous pouvez lui prendre son tapis plus facilement si vous touchez votre set, et que vous pouvez même vous permettre de tabler sur des côtes implicites de 10:1, et donc il vous faut suivre.
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STRATEGIE POSTFLOP I
Je me sens un peu gêné d’écrire un truc sur une stratégie postflop puisque en tant que joueur relativement nouveau, je continue à faire à des situations difficiles où je ne sais pas quelle est la meilleure façon de jouer le coup. Cela dit, j’ai pu voir assez de ces parties en full ring (9/10 joueurs) pour pouvoir au moins donner mon avis à propos de ce qu’il est bon de faire dans certains cas, et espérer qu’à la fin de post, je souleverai quelques discussions qui nous ferons sans doute tous progresser.
La présentation que j’ai décidé d’adopter ici est, je l’espère, plutôt facile à suivre. Je vais d’abord mentionner quelques concepts postflop récurrents qui permettront de mieux comprendre la suite. Je m’attarderai ensuite sur des situations spécifiques fréquentes auxquelles vous finirez par devoir faire face. Je reprendrai ensuite ces situations décrites et les réviserai en fonction de 4 scénarios différents : heads-up en position, heads-up hors position, multiway en position, et multiway hors position.
CONCEPTS COMMUNS
Avant tout, il vous faut absolument connaitre quelques concepts importants. Faites une recherche sur le forum de Pokeralille ou de Club Poker à propos des concepts suivants avant de lire ce guide :
Fold equity : apprenez ce qu’est la fold equity et à reconnaitre les situations où elle se présente. Comprendre ce concept est un élément clé du jeu agressif en position.
Expected value : apprenez comment calculer les situations à EV. Cela peut vous paraitre un peu compliqué, mais si vous lisez Theory of Poker, Harrington on Holdem, ou encore des sujets dédiés sur des forums spécialisés, alors vous pourrez rapidement maîtriser ce concept. Mon ami Skwat20 (Nico) a d’ailleurs me semble-t-il consacré un article sur l’EV sur notre forum.
Les côtes du pot : vous devez êtres capable de calculter les côtes du pot d’un coup d’œil, afin de pouvoir jouer vos tirages et afin de bluffer ou de suivre des bluffs. Une fois encore, vous trouverez dans les livres mentionnés ou dans les forums consacrés au poker, de quoi comprendre ce concept.
Ce va suivre est une collection de divers et importants concepts de cash-game. C’est probablement la partie la plus importante des trois articles prévus. Lisez et relisez le, et mettez en pratique chacun de ces concepts avec attention. Vous partirez alors avec un gros avantage dans les parties de cash-game aux faibles enjeux.
Force relative d’une main – la force d’une main n’est pas absolue. Une couleur n’est pas toujours une bonne main. Une top paire/top kicker est parfois un monstre. Cela dépend des circonstances que voici : la texture du board, l’action preflop, le nombre de joueur dans le coup, et bien entendu, l’éventail de mains sur lesquelles vous mettez vos adversaires.
Voici un exemple. Vous relancez en EP avec AA et êtes suivi par 4 (!) joueurs. Le flop est TJQ avec deux carreaux. Vous n’avez alors pas une très forte main, et vous devriez peut-être checker le flop et voir ce qui va se passer.
Changeons cela. Vous relancez en EP avec AA et tout le monde folde jusqu’à la petite blind, un joueur assez serré, qui vous sur-relance à 3 fois votre relance. Vous vous contentez de suivre et le flop est 367 rainbow. Vous avez alors un monstre. Vous devriez presque jouer cette main comme les nuts, car l’éventail de mains de sur-relance de votre adversaire n’a probablement pas touché ce flop, et vous aviez les nuts preflop.
Un autre exemple. Vous limpez au bouton avec Td-8d (assortis en carreau) après trois limpers et le board affiche après la river 3d 6d Ks 2c 9d vous donnant une couleur. Vous avez alors une très forte main.
Changeons cela à nouveau. Un joueur relance en EP et deux gros stacks le suivent, vous decidez de suivre derrière au bouton avec Td-8d. Le board après la river affiche Kd Ks Jd 2c 4d, vous donnant là aussi votre couleur. Les actions au flop et à la turn ont été les suivantes : le relanceur preflop a misé ½ pot sur le flop et vous et un autre joueur avez suivi. A la turn, le relanceur initial a encore misé ½ pot et vous avez suivi toujours en compagnie du même joueur en milieu table. A la river, il y a encore pas mal d’argent dans les stacks et vous faites à nouveau face à une mise de ½ pot. En considérant les tapis restants, il y a encore beaucoup d’argent qui peut arriver dans le pot. Vous n’avez ici pas une très forte main. Un pot relancé avec plusieurs joueurs dans le coup avec une paire de rois au board veut dire que votre couleur est probablement battue. Vous n’auriez pas du continuer à jouer cette couleur depuis le début du coup au flop.
Disons maintenant que le board affiche Kd Ks Jd Jc 4d. Votre main est évidement extrêmement faible maintenant, car quiconque ayant touché le flop devrait vous avoir battu. La seule main possible que vous battez alors serait AA. Analysez toujours la force relative de votre main avant de miser ou de suivre une mise. Vous serez très souvent surpris de voir comment ce travail d’analyse vous permettra de coucher de fortes mains comme des brelans sans même vraiment y hésiter à deux fois.
Force relative des tirages – le même point de vue s’applique au tirages. Vous devriez être moins enclin à poursuivre avec un tirage couleur sur un board qui a doublé, surtout si les cartes doublées sont de grosses cartes comme les dix ou les dames. Vous ne devriez pas toujours supposer que vous êtes « drawing dead » contre un full house lorsque le board double, mais vous devez être conscient que cela fait perdre de la valeur à votre tirage. C’est pareil pour les tirages quinte sur un board qui double, et soyez même encore plus prudent avec un tirage quinte sur un board mono couleur. Ne suivez pas de grosses mises au flop avec un tirage quinte par les deux bouts à moins que ce ne soit un board rainbow, et que vous puissiez au moins être assuré d’être devant si vous touchez.
Jouer contre des joueurs loose – ne bluffez pas à moins d’avoir au moins 6 outs. Lorsque vous touchez une forte main (top paire avec bon kicker sur un board tranquille, ou mieux encore) alors faites un value bet à chaque étape (flop, turn, river). Si le joueur loose est aggressif, optez pour un mélange de check-raise et de check-call sur à la river (quand ces joueurs aiment bluffer sur la river). Essayez de diminuer le montant de vos continuation bet face à ces joueurs, car ils suivront avec n’importe quoi. Lorsque vous touchez une bonne main, MISEZ ! Inutile de slowplayer une grosse main contre ces joueurs car ils suivront avec n’importe quoi.
Jouer contre des joueurs serrés – bluffez ces joueurs quand vous avez des outs et qu’ils ont montré de la faiblesse. Faites presque toujours un continuation bet contre eux. Quand vous êtes presque sûr d’être devant au flop, optez pour un check-raise à la turn la plupart du temps. Ce sont parfois des joueurs aggressifs, et lorsque vous checkerez la turn après avoir raté le flop, ils essayeront de vous voler le pot. Exploitez cela en checkant la turn avec de fortes mains. Certains sont tellement aggressifs que vous pouvez check-raiser la river avec les nuts et gagner encore un peu plus qu’en jouant autrement.
Les continuation bets – un standard quand vous avez relancé preflop et que vous vous retrouvez en heads-up sur le flop. L’idée est de faire une mise assez grosse (2/3 du pot assez fréquemment) avec l’intention de faire coucher votre adversaire ou de le voir juste suivre, vous laissant la possibilité de toucher votre paire à la turn. Si cela marche dans 40% des cas, alors l’espérance de gain de cette mise est positive (EV+). Il n’existe pas de règles écrites pour savoir quand faire ce continuation bet, mais voici ma ligne directrice :
- Soyez plus volontaire pour faire un c-bet si vous êtes en position
- Soyez plus volontaire pour faire un c-bet si vous êtes en heads-up sur le flop. En fait, vous devriez faire un c-bet dans la plupart des cas, excepté face à des joueurs loose dont vous savez qu’il suivront à coup sûr.
- Soyez moins volontaire pour faire un c-bet si le pot est multiway. Je mise rarement si je rate mon flop dans un coup à trois joueurs, excepté sur un flop comme TT8 où il est peu probable que quelqu’un ait touché. Même dans ces cas là, l’EV est minime.
- Soyez moins volontaire pour faire un c-bet sur un flop à tirages multiples. Je checke presque toujours un flop JsTsXc lorsque je rate avec 77 en main, après avoir relancé preflop.
- Soyez plus volontaire pour faire un c-bet quand vous avez des outs (comme AK sur un board QJx où vous avez au moins un tirage quinte ventral et deux overcards.
- Un joueur quelque peu aggressif prend l’initiative sur vous en misant hors position pour 2/3 du pot, alors que vous aviez relancé preflop, et sur un board tranquille genre 479 rainbow. C’est en règle générale un bluff. Ce joueur pense que vous avez deux grosses cartes et que vous avez raté le flop. Si ce joueur est capable de coucher un main, j’ai pour habitude de relancer 3x sa mise avec n’importe quelles cartes, mais je suis encore plus tenté si j’ai quelques outs, comme un tirage quinte ventral. Evidemment je vais relancer également si je touche le flop. Dans ce cas précis, je vais parfois juste suivre, si je pense qu’il va encore miser à la turn et que le board ne fait pas apparaitre de tirages évidents.
- Un joueur quelque peu aggressif prend l’initiative sur vous en misant hors position pour 2/3 du pot, alors que vous aviez relancé preflop, et sur un gros board genre AJ8 rainbow. Ce n’est pratiquement jamais un bluff, et en général cela veut dire qu’il a touché son flop. Ne continuez pas sans au moins la top paire ou un tirage.
- Un joueur très faible mise le minimum à chaque tour de mise. Dans 90% des cas, il n’a rien. Contentez vous de relancer. S’il sur-relance, annotez ce joueur pour vous rappeler que ce joueur fait un minibet avec de grosse main et sortez du coup.
- Un joueur très faible prend l’initiative avec une mise inférieure à ½ pot sur un flop qui contient des tirages visibles. Cela veut en général dire qu’il a juste un tirage. Couchez votre main si vous avez raté ; ça ne vaut pas le coup car la plupart de ces joueurs ne savent pas lacher leur tirage et s’ils touchent une paire, ils seront également favoris par rapport à vous qui avez raté votre main. Si vous avez une grosse main, alors faites une grosse relance (3 ou 4 fois leur mise) pour leur couper les côtes. Ils vont habituellement quand même suivre, et jouer un gros pot contre vous avec juste un tirage en main.
- Un fort joueur prend l’initiative énergiquement sur un flop avec peu ou pas de tirages, alors que vous aviez montré de la force preflop. Attention danger ! Vous ne pouvez les mettre à coup sûr sur un set avant la turn, mais vous devez considérer que selon toute vraisemblance, notre fort joueur a peut-être touché ce set. Avec une overpaire ou une top paire, je vais parfois juste suivre dans cette situation et ré-évaluer ma main à la turn. Jouer ainsi le coup me permet d’essayer de conserver une grosse partie de mon tapis, et de prendre une décision sur la turn sans que le pot ne soit trop gros (ce qui aurait été le cas si j’avais relancé sur le flop).
- Le joueur check/call le flop et prend l’initiative sur vous à la turn. Ce n’est en général pas un bluff, mais une mise destinée à sonder où ils en sont dans la main. Parfois, vous pouvez leur donner l’information qu’ils attendent pour se coucher en relançant leur mise. Mais n’essayez cela que face à des joueurs faibles et/ou serrés. La turn est en général le moment où l’on fait de l’argent.
Bonne lecture et bonne chance...
Pierrot
ps : l'article original est ici